COURIER PAUL-LOUIS (1772-1825)
« Paul-Louis Courier, vigneron de la Chavonnière, bûcheron de la forêt de Larçay, laboureur de la Filonnière, de la Houssière et autres lieux » : peu d'écrivains français joignirent meilleure plume à pire caractère.
Mauvais caractère
Ni les mathématiques, ni surtout l'école d'artillerie, où Courier fut admis en 1791 à dix-neuf ans, n'exigeaient qu'il désertât un peu, refusât de rejoindre son corps et que, chef d'escadron, il écrivît au général Dedon : « Je saurai rendre la lâcheté de votre conduite aussi publique enfin qu'elle est constante. » Si le grec, où il excellait, pouvait l'inciter à brider son cheval, quand il occupait Naples, ainsi que le conseille Xénophon, l'usage de cette langue lui imposait-il de répliquer d'aussi hargneuse façon au bibliothécaire dont il avait, d'une tache d'encre, souillé un manuscrit, celui de Daphnis et Chloé ? Et l'on voit mal pourquoi l'habile traducteur de ces amours puériles devait se comporter en pillard paillard, et l'artilleur en hussard, pressant ainsi quelque dame hésitante : « Cela ne vous fait ni chaud ni froid [...] belle raison pour dire non ! »
De grognard sous Napoléon passé grognon sous Louis XVIII, étonnez-vous si « le plus petit des grands propriétaires » – toujours âpre à se faire payer, jusqu'au « tapage » et aux « assignations » inclusivement – supporta mal que la lettre de la Charte, à laquelle il s'était rallié, en trahît constamment l'esprit. Parce qu'il n'était d'aucun parti, sinon de celui des orléanistes, parce qu'il se piquait de n'être « compère de personne », il connut les arrêts de rigueur en Italie, fut détenu sous Napoléon, par mégarde, à cause du complot de Mallet ; durant la Restauration, ce furent des procès, l'amende, la prison. De 1816 à sa mort, les maires, les préfets, les gendarmes, les procureurs du roi, les ministres même l'honoraient de constantes tracasseries. La liberté se paie. En vérité, il était allé assez loin les chercher : « Je fis seize pages d'un style à peu près comme je vous parle et je fus pamphlétaire insigne. » Le bon apôtre ! Pamphlétaire en effet ; et pamphlétaire insigne !
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Écrit par
- ETIEMBLE : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur honoraire à l'université de Paris-IV
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Autres références
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PAMPHLET
- Écrit par Bernard CROQUETTE
- 780 mots
Au sens strict, le mot « pamphlet » désigne une brochure brève et incisive, une œuvre d'actualité, de combat et de passion attaquant le plus souvent violemment un personnage connu, un parti ou une institution. Bien que la brièveté (cent pages au maximum, souvent moins, « une feuille ou deux »,...