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DUVAL PAUL-MARIE (1912-1997)

Parisien de souche et de cœur, fils d'un chirurgien professeur à la faculté de médecine, arrière-petit-fils d'Édouard Charton, le fondateur du Magasin pittoresque, Paul-Marie Duval suivit un parcours qui le conduisit du lycée Louis-le-Grand à l'École normale et à l'agrégation d'histoire et de géographie. Il ne put se rendre à l'École française de Rome, à cause du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, et ses premiers travaux d'archéologue furent consacrés aux vestiges romains d'Afrique du Nord. Nommé vers la fin de la guerre assistant à la faculté des lettres de Paris et élu, en 1946, directeur d'études à l'École pratique des hautes études, il put enfin se consacrer pleinement aux origines de sa ville natale, sujet de sa thèse de doctorat ès lettres, publiée en 1961, ainsi que de son dernier ouvrage, paru un tiers de siècle plus tard. Plus que dans les monuments antiques parisiens dont il connaissait le moindre détail, c'est dans la surprenante beauté des monnaies d'or des Parisii, seul témoignage matériel important connu de la petite cité gauloise, qu'il trouva le meilleur antécédent d'une élégance raffinée qu'il se plaisait d'associer à sa ville.

Il est plutôt rare qu'un savant arrivé à l'apogée de sa carrière, maître incontesté dans un domaine précis de la recherche, s'engage dans une entreprise de longue haleine étrangère à ses préoccupations habituelles. Ce fut pourtant le cas de Paul-Marie Duval, qui découvrit l'étude de l'art celtique alors qu'il était déjà cinquantenaire, directeur d'études d'antiquités de la Gaule romaine à l'École pratique des hautes études depuis près de vingt ans et fraîchement élu au Collège de France, à une chaire d'archéologie et d'histoire de la Gaule. Mais sa rencontre avec l'art des anciens Celtes ne fut pas le fruit du hasard, car ses travaux l'avaient conduit très tôt à mesurer l'importance du substrat dans une culture que l'adjectif « gallo-romain » ne définissait pas uniquement comme un faciès géographique ou ethnique – celui d'une province occidentale de Rome peuplée de Gaulois –, mais comme la fusion réussie de deux cultures différentes. L'empreinte celtique était particulièrement forte dans la Gaule romaine : elle a livré l'ensemble le plus riche d'inscriptions rédigées dans une langue de cette famille, répandue dans l'Antiquité de l'Atlantique jusqu'aux Carpates et même à l'Asie Mineure. Les noms de presque toutes les cités gauloises énumérées par César vers le milieu du ier siècle avant J.-C. continuent d'ailleurs de vivre dans les noms de villes de la France actuelle.

L'enthousiasme pour l'art celtique, témoin d'un esprit « abstrait et fantasque plutôt que naturaliste et raisonnable », ne le quittera plus désormais et la mise en chantier du volume consacré à l'art des Celtes dans la prestigieuse collection L'Univers des formes fut le point de départ d'une recherche qui le conduisit dans les musées de tous les pays habités jadis par les Celtes, depuis l'Irlande jusqu'à la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie. Infatigable voyageur et ambassadeur efficace de l'archéologie française, il sut tisser lors de ses pérégrinations des liens d'amitié durables qui imprimèrent un nouvel essor à l'étude de l'Europe des Celtes, reconnue définitivement comme un élément fondamental de notre culture commune. Cette coopération internationale, qu'il suscita et anima pendant des décennies, est un héritage vivant aussi précieux que l'œuvre imposante qu'il laisse.

— Venceslas KRUTA

Bibliographie

La Vie quotidienne en Gaule pendant la paix romaine Ier-IIIe siècles apr. J.-C., Hachette, Paris,[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études de protohistoire de l'Europe à l'École pratique des hautes études

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