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MARMOTTAN PAUL (1856-1932)

Historien d'art et collectionneur français. Appartenant à la catégorie des amateurs d'art issus du milieu industriel et financier et à celle des grands donateurs de musées (qui portent souvent leurs noms), Paul Marmottan s'est longtemps qualifié d'« artiste sans spécialité ». C'est d'abord à la recherche historique et à la publication de travaux d'érudition qu'il s'est consacré : études sur Paris, sur Valenciennes (sa famille est originaire du Nord), articles pour la Revue de l'art français et les Nouvelles Archives de l'art français. Nourrissant sa passion de collectionneur par sa curiosité d'historien — et réciproquement —, Marmottan va devenir pourtant le spécialiste d'une époque, encore mal connue : le Consulat et l'Empire. Après la « redécouverte » du xviiie siècle par les Goncourt et d'autres historiens, c'est grâce à Marmottan que l'art de la période suivante est lentement réhabilité.

Marmottan publie un livre sur l'École française de peinture, 1789-1830 (1886), puis il étudie les peintres L. Gauffier, F.-X. Fabre, les frères Sablet et surtout Louis Boilly (auquel il consacre en 1913 un important ouvrage, intitulé Louis Boilly, et dont il possède une quarantaine de petits portraits). Il privilégie l'Italie napoléonienne, publiant en 1901 Les Arts en Toscane sous Napoléon. Personnage original, il installe dans l'hôtel parisien hérité de son père ses collections de mobilier, d'objets d'art, de sculptures, de dessins et de peintures, créant un décor à l'image de ceux qu'il a étudiés, ou reproduits dans les cinq volumes de l'album consacré au Style Empire (édité avec J. Vacquier). Un tel aménagement constitue alors un des rares lieux mettant en valeur l'art de cette période. Cette capacité à « sublimer l'objet », à créer le monde disparu que l'on étudie, a fasciné l'historien de la psychologie du goût, Mario Praz, qui raconte, dans Gusto neoclassico (1940 ; trad. franç. Goût néoclassique, Le Promeneur, 1989), sa première visite à l'hôtel du Ranelagh ; lui-même poursuivra toute sa vie la recherche de la demeure idéale. Marmottan a donc participé à la naissance d'un « style Empire » pressenti par des amateurs comme Whistler ou Montesquiou et mis à la mode par des décorateurs de la première décennie du xxe siècle. L'hôtel et ses collections (comprenant celles de son père, consacrées aux primitifs italiens, allemands et espagnols) ont été légués à l'Académie des beaux-arts et constituent le musée Marmottan qui a dû s'adapter depuis, pour accueillir une importante série de toiles impressionnistes (donations Donop de Monchy et Michel Monet) et une collection de miniatures (G. Wildenstein). La bibliothèque de l'érudit, à Boulogne-Billancourt, elle aussi léguée à l'Institut, conserve une documentation d'imprimés et d'estampes sur la période napoléonienne et un décor meublé d'objets attachés au souvenir de l'Empire.

— Jean-Pierre MOUILLESEAUX

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Écrit par

  • : historien de l'art, chargé de mission à la Caisse nationale des monuments historiques et des sites

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