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MILLIEZ PAUL (1912-1994)

L'hôpital était la passion de Paul Milliez depuis qu'il en avait franchi le seuil comme stagiaire, comme externe, et tout au long de sa carrière.

Dès son enfance, il a la vocation médicale. Né le 15 juin 1912 à Mons-en-Barœul, inhumé le 15 juin 1994 à la Bernerie, c'est à Paris, au collège des jésuites Saint-Louis-de-Gonzague, qu'il fit ses études secondaires. Les pères voulaient l'empêcher d'être médecin : « Il y perdra son âme », disaient-ils. Néanmoins, grâce à leur formation, il se forgea une grande culture classique et humaniste et développa une maîtrise de soi qui marqua sa vie. Étudiant, il s'inscrivit à la conférence Laennec, dirigée par les jésuites, qui rassemble les étudiants en médecine catholiques. Il en fut président pendant dix ans, notamment durant l'Occupation allemande.

Sa carrière médicale fut brillante : interne en 1936, interne médaille d'or en 1942, médecin des hôpitaux en 1946, professeur agrégé à la faculté de médecine de Paris en 1949, professeur de pathologie médicale en 1959, puis de clinique médicale, il devient doyen de la faculté de médecine Broussais-Hôtel-Dieu de 1968 à 1972, alors qu'il fut chef de service à l'hôpital Broussais de 1962 à 1981, après l'avoir été à Beaujon de 1960 à 1962.

Paul Milliez a laissé une œuvre scientifique originale. Il a contribué à créer un concept de maladie : l'hypertension artérielle. Il a écrit ou participé à plus de 1 200 communications scientifiques. Il a abouti à une solution pratique : le traitement médicamenteux de l'hypertension artérielle, redonnant une espérance et une qualité de vie normales – grâce à une médecine humaine, moderne et internationalement reconnue – à des personnes qui étaient atteintes d'une maladie jusqu'alors incurable et mortelle. Il a surtout analysé l'hypertension de la grossesse (il a suivi 577 cas). Il a aussi étudié les glomérulopathies, les maladies rénales, les sténoses des artères rénales, les tumeurs surrénales, le facteur hypotenseur rénal. Il a créé un réseau européen qui contribua, en vingt ans, à une réduction de 50 p. 100 des accidents vasculaires cérébraux et de 20 p. 100 des maladies affectant les coronaires dans les populations occidentales.

En 1951, il fut membre du Comité des sciences de la radiodiffusion française et, en 1961, président de la Presse médicale internationale. En 1965, il fut à Paris l'un des fondateurs de la Société internationale d'hypertension artérielle. Président du Comité national de l'hospitalisation publique, fondateur du Centre de recherche sur l'hypertension sous l'égide de l'association Claude-Bernard, président de Médecins du monde, il organisa les Journées médicales de Broussais où les invités de France et d'Europe vinrent s'initier aux acquisitions médicales récentes.

« Roi des médecins et médecins des rois », il a soigné les « grands de ce monde » : ibn Séoud, roi d'Arabie Saoudite, le Glaoui, pacha de Marrakech, le shah d'Iran, Enver Hodja, dictateur d'Albanie, Paul Valéry, Paul Reynaud... mais aussi tous ceux qui l'approchaient : « Il nous a sauvé la vie, pourtant nous ne sommes que des ouvriers. » Un soir, à l'Élysée, le général de Gaulle le présenta : « Voici le champion de la médecine française », témoignage de leur estime réciproque. N'aimant guère les assemblées officielles, il a refusé d'être membre, voire président du Conseil national de l'ordre des médecins et renoncé à siéger à l'Académie de médecine.

Il reçut, dès 1940, la croix de guerre avec palme, puis la rosette de la Résistance, plus tard la cravate de commandeur de la Légion d'honneur et nombre d'ordres étrangers. Témoin, à ses obsèques, le coussin constellé de décorations.[...]

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