Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

NELSON PAUL (1895-1979)

Paul Nelson, architecte d'origine américaine, né à Chicago en 1895 et mort à Marseille en 1979, appartient à cette catégorie d'architectes à peine mentionnés dans les classiques de l'histoire de l'architecture moderne, mais dont on reconnaît peu à peu l'importance et la juste place grâce à des recherches, à des publications et à des expositions. Cette marginalité dans l'historiographie est d'autant plus regrettable que Paul Nelson, qui a travaillé tantôt aux États-Unis et tantôt en France, était au carrefour de plusieurs courants fondamentaux de l'architecture contemporaine, une situation dont il a su tirer parti.

Après des études à Princeton, il découvre la France comme aviateur volontaire sur le front allié pendant la Première Guerre mondiale. En 1920, il entame des études d'architecte à l'École des beaux-arts de Paris, d'abord dans l'atelier Pontremoli, puis surtout dans l'atelier Perret dit l'atelier du Palais de Bois. Il en sort diplômé en 1927 et séjourne en France jusqu'en 1940.

Sa double appartenance explique pourquoi il a été considéré comme un architecte américain en France et a contrario comme un architecte français aux États-Unis. Ainsi, lors de la célèbre exposition sur le Style international qui s'est tenue, en 1932, au Museum of Modern Art de New York et dont Alfred Barr, Henry-Russell Hitchcock et Philip Johnson furent les commissaires, c'est en tant qu'architecte français qu'il est retenu puisque l'on expose la pharmacie qu'il a construite à Paris en 1931. En 1929, il avait conçu l'ensemble des décors du film What A Widow ! avec Gloria Swanson en vedette. Cette comédie sentimentale d'Allan Dwan n'a guère laissé le souvenir d'un chef-d'œuvre cinématographique, mais les décors de Paul Nelson ont contribué à faire connaître les formes de l'architecture d'avant-garde au public américain avant l'exposition de 1932. Paul Nelson dessine des intérieurs de paquebots, de magasins de luxe et d'hôtels particuliers ainsi que des mobiliers où l'on décèle l'influence des villas de Le Corbusier, des constructions de Mallet-Stevens (notamment les décors pour L'Inhumaine, film de Marcel L'Herbier, en 1924) et des réalisations d'Eileen Gray comme la villa E 1027 près de Menton.

Si la maison Brooks construite 80 boulevard Arago à Paris, en 1929, est encore fortement imprégnée des leçons du classicisme structurel de Perret, les quatre grands projets conçus dans les années 1930 représentent un ensemble tout à fait inventif et original. Aucun malheureusement n'a été réalisé. Le pavillon de chirurgie d'Ismaïlia (1935), qui devait être construit sur les bords du canal de Suez, intégrait des écrans parasolaires mobiles, des parois de briques de verre (Paul Nelson admirait beaucoup la maison du docteur Dalsace, dite maison de verre, construite à Paris, rue Saint-Guillaume, par Pierre Chareau en 1931), et des salles d'opération ovoïdes justifiées par des impératifs d'éclairage et d'hygiène. Le projet pour la Cité hospitalière de Lille (1932) associe deux tours et deux barres pour mieux répartir les fonctions tout en les combinant.

Un autre projet, la maison suspendue (1936-1938), est constitué de deux portiques en acier et d'une structure métallique formée de claustras losangés. Les principaux volumes de la maison, reliés par des rampes, sont suspendus aux portiques métalliques. À cela s'ajoute un élément opaque en béton et briques de verre encastré dans l'enveloppe métallique transparente. Ce projet de maison destiné à montrer les avantages de la construction métallique et de l'ossature d'acier se voulait une solution à la standardisation de l'habitat. Il traduisait clairement l'influence de l'« inventeur » américain Buckminster Fuller et de son projet[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directeur de l'École doctorale d'histoire de l'art

Classification