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PELLISSON PAUL (1624-1693)

L'un des poètes les plus représentatifs du mouvement précieux. Paul Pellisson n'a pourtant consacré à la littérature qu'une part restreinte de sa vie. Ce protestant originaire de Béziers, homme d'esprit et de talent, se fixe à Paris en 1650 et achète une charge de secrétaire du roi. Il publie une Relation contenant l'histoire de l'Académie française (1652) — il s'agit plutôt d'un exposé familier présentant l'Académie et ses membres — qui lui vaudra le privilège d'être reçu dans la compagnie sans qu'on attende la vacance d'un fauteuil. En 1653, il rencontre Madeleine de Scudéry. Il deviendra son « tendre ami », mais seulement après avoir parcouru cette carte du Tendre qu'il contribuera ensuite à dresser ; il devient aussi l'un des habitués les plus fidèles et les plus brillants de son salon de la rue de Beauce, l'« Apollon du samedi ». Versificateur attitré du « cercle de Sapho », il est de tous les jeux et compose, dans tous les petits genres à la mode, une multitude de pièces, sans que la variété des formes employées parvienne à en masquer la pauvreté et l'uniformité. Meilleur prosateur que poète, et servant mieux la cause de la préciosité lorsqu'il en expose la doctrine que lorsqu'il tente de l'illustrer, il écrit un remarquable Discours qui préface l'édition posthume des œuvres de Sarasin (1656). En même temps, il s'acquitte de sa charge de façon si exemplaire que Fouquet le remarque et fait de lui, en 1658, son premier commis, son homme de confiance. Il s'absorbe dès lors dans les affaires et délaisse les samedis et les vers. Il est entraîné dans la chute du surintendant et emprisonné en 1661. L'araignée qu'il aurait apprivoisée pour ne pas mourir d'ennui dans son cachot est restée plus célèbre que lui. Il obtient sa libération cinq ans plus tard, grâce à la dignité de son attitude ; en abjurant le protestantisme, il rentre totalement en grâce. Il devient l'historiographe de Louis XIV et son secrétaire le plus proche ; il se consacre à sa tâche avec compétence et lucidité, jusqu'à ce qu'en 1677 Racine et Boileau, protégés par Mme de Montespan, se voient confier sa place. Il ne perd pas pour autant la confiance du roi et met au service de sa politique à l'égard des protestants ses talents d'administrateur et d'écrivain, mais en faisant preuve de sa modération coutumière et d'une tolérance notoire. Cet homme qui a déployé son activité et fait apprécier ses qualités dans des domaines si divers n'a rien laissé de vraiment achevé : pas plus son Histoire de Louis XIV que la traduction (ou le commentaire) de L'Odyssée, qu'il avait entreprise dans sa jeunesse, ou que ce Traité de l'eucharistie (détaché des Réflexions sur les différends en matière de religion, où le traité devait primitivement prendre place) dont une partie seulement a pu être publiée après sa mort.

— Bernard CROQUETTE

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, maître assistant à l'université de Paris-VII

Classification

Autres références

  • PRÉCIOSITÉ

    • Écrit par
    • 2 968 mots
    ...Jean-François Sarasin, qui fréquenta les samedis de Mlle de Scudéry et prit part à la fameuse journée des madrigaux, eut ses œuvres publiées, posthumes, par Pellisson qui les fit précéder d'un long Discours de présentation ; on a même pu dire que cette publication fut un manifeste des précieux. Mais...
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