REYNAUD PAUL (1878-1966)
De Gaulle a dit de lui qu'il fut un « homme injustement broyé par des événements excessifs ». L'homme politique a pourtant du talent. Personnalité du centre droit, Paul Reynaud possède des talents d'économiste et il ose mettre en œuvre ses idées. Avocat, élu député des Basses-Alpes en 1919, puis, à partir de 1928, du IIe arrondissement de Paris jusqu'en 1940, il est tour à tour ministre des Finances de Tardieu en 1930 puis ministre des Colonies sous Laval en 1931-1932. Puis pendant six ans, il va, en solitaire, s'opposer aux gouvernements et ses interventions sont à la fois écoutées et redoutées. En 1934, il défend seul les mérites économiques de la dévaluation quand les hommes politiques croient aux vertus de la déflation. Il défend seul le colonel de Gaulle qui préconise les mérites tactiques des escadrons cuirassés mobiles et autonomes dans une armée. Opposé à la politique de Munich, il préconise une alliance avec la Russie et une politique énergique à l'égard de l'Italie. Le 20 mars 1940, le président de la République fait appel à Paul Reynaud comme président du Conseil. Doué, intelligent et autoritaire, proche des Anglais, il est assez indépendant des grands partis. Il est investi à une voix de majorité, et doit garder Daladier au ministère de la Guerre, qui lui impose le maintien du général Gamelin. Il resserre les liens franco-anglais. Weygand est envoyé au Moyen-Orient pour préparer un front contre l'Allemagne. L'expédition de Norvège est menée conjointement avec Churchill. Mais en mai le front français craque en quelques jours. Reynaud, le 18, prend la direction de la Défense nationale, appelle Pétain et nomme Weygand généralissime. La situation apparaît déjà désespérée à beaucoup. À partir de juin 1940 se dessine au sein du ministère l'opposition qui va se révéler irréductible entre partisans et adversaires de l'armistice. Le 5 juin a lieu un premier remaniement ministériel : Bouthillier, Baudouin, de Gaulle entrent dans le gouvernement. Le 7 juin, le front de la Somme craque. Le gouvernement quitte Paris pour se retrouver à Bordeaux après un séjour sur les bords de la Loire. En dépit du pessimisme général, Reynaud pense à imposer l'idée d'un « réduit breton » ou se replierait l'armée, puis il songe à l'Afrique du Nord pour continuer la lutte. Reynaud lance alors un appel à Roosevelt, puis accepte une proposition d'union organique avec la Grande-Bretagne. Le 16 juin dans la soirée, Reynaud fait part de son intention de démissionner. Le maréchal Pétain se retrouve à la tête du nouveau gouvernement et demande l'armistice. En septembre 1940, Reynaud est arrêté et présenté à la cour de Riom chargée de juger les « responsables de la défaite ». Condamné sans jugement à la détention dans une enceinte fortifiée, il est enfermé en 1941 au fort du Portalet puis déporté à Oranienburg en novembre 1942. Après la guerre, il est député du Nord de 1946 à 1962 et ministre des Finances en 1948. Favorable au retour du général de Gaulle en 1958, il est président du Conseil consultatif constitutionnel, mais se montre très vite en désaccord avec les orientations de la Ve République. Le feu des passions contraires ne l'a pas épargné. Il a essayé de s'en expliquer dans des souvenirs politiques et des Mémoires.
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Écrit par
- Solange MARIN : auteur
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