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STEHLIN PAUL (1907-1975)

Né à Hochfelden (Bas-Rhin), Paul Stehlin est sorti de Saint-Cyr en 1928. Attaché de l'air adjoint à Berlin de 1935 à 1939, il fait parvenir à Paris des avertissements sur la puissance croissante de la Luftwaffe. En mai 1940, il commande le groupe de chasse Roussillon. Il accompagne l'amiral Darlan lorsque celui-ci rencontre Hitler à Beauvais en décembre 1940. Après le débarquement américain en Afrique du Nord, il assure la liaison « air » auprès du maréchal Alexander, commandant suprême allié en Méditerranée, puis commande les groupes de chasse de l'aviation côtière.

Attaché militaire à Londres de 1947 à 1950, nommé général de brigade aérienne en 1950, il devient de 1952 à 1954 chef adjoint de l'état-major particulier de René Pleven, ministre de la Défense nationale. Il est ensuite envoyé à Washington comme chef adjoint de la délégation française auprès du groupe permanent de l'O.T.A.N. En 1956, il est général de division, puis commandant des forces aériennes françaises en Allemagne ; en 1958, commandant adjoint de la IVe force aérienne tactique alliée ; en 1959, major général des armées françaises. De 1960 à 1963, le général d'armée Stehlin est chef d'état-major de l'armée de l'air.

Il est ensuite nommé conseiller d'État en service extraordinaire, mais démissionne pour devenir vice-président pour l'Europe de la firme américaine Hughes Aircraft International Service et occupe des postes importants dans diverses firmes françaises.

Élu député de Paris en juin 1968, il siège quelque temps au groupe P.D.M. Réélu en 1973, il s'inscrit au groupe réformateur et devient en juillet 1974 vice-président de l'Assemblée nationale.

En novembre 1974, la diffusion d'une note adressée au président de la République et qui expose la supériorité de deux appareils américains (YF-16 et YF-17) sur le Mirage F-1 français provoque un vif débat. Le général démissionne de la vice-présidence de l'Assemblée et du groupe réformateur. Il est mis à la retraite d'office. Le vendredi 6 juin 1975, une sous-commission du Sénat américain enquêtant sur l'activité de certaines sociétés multinationales révèle que la firme d'aéronautique Northrop rémunère, entre autres personnalités européennes, le général comme « consultant ». Le même jour, le député de Paris est grièvement blessé par un autobus. Il meurt le 22 juin à l'hôpital Cochin.

Dans une ambiguïté qui sera son drame jusqu'à la fin de sa vie, Paul Stehlin alliait un patriotisme foncier à la certitude de la communauté totale des intérêts entre les nations occidentales face à l'Est. À ses yeux, les alliances supposaient une idéologie – européenne d'abord, puis atlantique – qui justifiait les sacrifices et atténuait les divergences.

Il portait aussi en lui l'angoisse et l'amertume de Cassandre. Avant la Seconde Guerre mondiale, les avertissements qu'il avait lancés sur la puissance de l'aviation allemande n'avaient pas été écoutés. Depuis lors, tout au long d'une carrière militaire particulièrement brillante, il s'estima méconnu, incompris. Partisan passionné de la Communauté européenne de défense, il avait assisté en 1954 à l'écroulement de son rêve. Persuadé de l'ampleur du danger soviétique, il avait reporté ses espoirs sur l'alliance atlantique. À Washington, il avait reçu le meilleur accueil, lorsqu'il fit partie de la délégation militaire française auprès de l'instance militaire suprême de l'O.T.A.N.

Même si, comme il l'écrira plus tard, l'alliance doit être bipolaire, comporter à la fois un pôle américain et un pôle européen, l'essentiel est que des liens étroits restent tissés entre l'Europe et la puissance américaine, garante de la survie du « monde libre ». Ainsi s'éclaire son attitude[...]

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