Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

TILLICH PAUL (1886-1965)

Principaux thèmes théologiques

La pensée de Tillich est une théologie en dialogue non seulement parce que, chez lui, le théologien et le philosophe se rencontrent, mais parce qu'il regarde le dialogue avec les hommes de ce temps comme la tâche du théologien. Aussi n'hésite-t-il pas à quitter la chaire du professeur pour monter dans celle du prédicateur. Contrairement à Karl Barth, partisan d'une théologie kérygmatique, qui répète ce qui est écrit dans l'Écriture sainte et défini dans la tradition de l'Église, Tillich développe une théologie apologétique. Il craint, en effet, que le langage employé ne soit plus compris et que la prédication la plus correcte n'apparaisse à l'auditeur que comme une simple performance verbale. Sa pensée ne part donc pas de la Bible et de la tradition, mais essaie de cheminer vers elles en partant de l'homme actuel et de ses questions.

Avant de prêcher aux hommes, il commence par les écouter. En bon philosophe, il analyse leur situation, leur être-au-monde et la compréhension qu'ils ont d'eux-mêmes. Au bout de cet effort (en effet, Dieu parle à quelqu'un), il redit le message, le kérygme, d'une manière et dans un langage qui éclairent la situation de l'homme. Cette méthode dite de la « corrélation » chemine sans cesse de la philosophie à la théologie, de l'homme et de sa question à Dieu, à Sa réponse. L'un ne va jamais sans l'autre. Néanmoins, l'un ne dépend pas de l'autre. La réponse n'est pas incluse dans la question et les questions ne sont jamais déduites de la réponse. Philosophie et théologie sont deux domaines indépendants. La première n'est pas une théologie cachée et la seconde n'est pas une philosophia sacra. Cette correspondance profonde vient de ce que l'homme n'est jamais sans Dieu et de ce que Dieu n'est jamais sans l'homme.

Ainsi le doute de l'homme manifeste l'impossibilité qu'il y a à identifier ce qui est humain et fini avec l'absolu et l'inconditionné. Le doute qui tient en suspicion les affirmations théologiques n'est que le revers de la foi qui croit en la vérité comme en un inconditionné. Or, suivant Tillich, cette foi n'existe que comme une saisie de l'homme par l'absolu, par ce qui le concerne d'une façon ultime. « J'ai été saisi, écrit l'auteur, par le paradoxe suivant : celui qui nie sérieusement Dieu, celui-là l'affirme. Sans cette certitude, je n'aurais pu rester théologien. » Seule la foi peut contester la foi. L'homme qui n'a pas été saisi par la question de ce qui le concerne d'une façon ultime ne peut parler ni pour Dieu ni contre Lui.

Cet absolu qui concerne de façon ultime l'être humain ne s'exprime pas nécessairement par des formes religieuses. Les œuvres de la culture tout à fait profane peuvent, elles aussi, exprimer un contenu religieux. Il ne saurait, en effet, y avoir dans la vie un domaine quelconque qui soit absolument indépendant de l'absolu, autonome par rapport à Dieu. L'athéisme constitue une impossibilité. Dieu englobe dans l'unité le sacré et le profane. La religion, tout comme Dieu, est omniprésente ; certes, on peut l'oublier ou la nier, mais la question du sens ultime de l'existence resurgit sans cesse et la réponse qui y est donnée confère à la vie une profondeur insondable et à toute œuvre de création un sens inépuisable. Tillich élabore une « théologie de la culture » dont l'affirmation centrale proclame que la substance de toute culture, c'est la religion. Une civilisation ne peut, sous peine de perdre sa substance, refouler le sens de l'absolu vers lequel ont tendu les hommes qui ont forgé sa culture. De même, réciproquement, il convient d'affirmer que la culture est nécessaire comme expression de[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • JÉSUS ou JÉSUS-CHRIST

    • Écrit par , et
    • 21 165 mots
    • 26 médias
    Il faut pourtant faire encore un pas de plus, estime Paul Tillich. Puisque nous sommes désormais entrés dans un âge séculier et séculariste, la question se pose d'une compréhension non religieuse de cette notion, pourtant essentiellement religieuse, du messianisme ! Est-il possible de se donner ici une...
  • PROTESTANTISME - Problèmes contemporains

    • Écrit par
    • 3 720 mots
    • 2 médias
    ...mondiale ne tardèrent pas à changer cette situation. Dans différents pays, ainsi qu'au sein du Conseil œcuménique des Églises alors naissant, un « barthisme engagé » a été vécu avec intensité et bientôt complété par la lecture d'autres théologiens comme le « socialiste-religieux » Paul Tillich.