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TORTELIER PAUL (1914-1990)

Violoncelliste, chef d'orchestre et compositeur français, Paul Tortelier laisse l'image d'un musicien humaniste et engagé qui aura mis son art au service des causes les plus généreuses. Né à Paris le 21 mars 1914, il commence à étudier le violoncelle à l'âge de six ans et entre au Conservatoire en 1926, où il est l'élève de Louis Feuillard, Jean et Noël Gallon. Mais son véritable maître est le violoncelliste Gérard Hekking, dans la classe duquel il obtient un premier prix en 1930. Il poursuit sa formation théorique jusqu'en 1935 (premier prix d'harmonie) et est alors le condisciple d'Henri Dutilleux.

En 1931, il fait ses débuts de soliste aux Concerts Lamoureux Mais, pendant plusieurs années, il choisit d'apprendre le métier au sein de l'orchestre et occupe plusieurs places importantes : premier violoncelle solo à l'Orchestre national de l'Opéra de Monte-Carlo (1935-1937), où il joue Don Quichotte de Richard Strauss sous la direction du compositeur, puis troisième soliste de l'Orchestre symphonique de Boston (1937-1939), alors dirigé par Serge Koussevitzky. À la Libération, il est premier soliste à la Société des concerts du Conservatoire (1945-1946) avant de se consacrer exclusivement à sa carrière de soliste, qui prend vite de l'essor : en 1945, il joue avec Sergiu Celibidache à la Philharmonie de Berlin ; en 1947, il enregistre Don Quichotte sous la direction de sir Thomas Beecham. Il épouse en 1946 une violoncelliste française, Maud Martin, avec qui il se produit souvent. Pablo Casals l'invite au festival de Prades dès 1950.

Il est aussi le partenaire de musique de chambre de Yehudi Menuhin. Avec Arthur Rubinstein et Isaac Stern, il forme un trio fameux. En 1955, il fait ses débuts américains à Boston. Plus tard, il forme le Trio Tortelier, avec son fils Yan Pascal (violon) et sa fille aînée Maria de La Pau (piano). Tous trois créeront notamment le Trio en ut mineur d'Edvard Grieg (1977).

Mais l'action de Paul Tortelier ne se limite pas aux seules activités de concertiste. Il considère l'artiste comme détenteur d'un message de paix qu'il s'attache à porter au-delà de toutes les frontières qu'il lui semble nécessaire de faire tomber. Avec toute sa famille, il passe ainsi un an dans un kibboutz en Israël (1955-1956). Puis il consacre une part importante de ses activités à l'enseignement, au Conservatoire de Paris (1957-1969), à la Folkwanghochschule d'Essen (1972-1975) ou au Conservatoire de Nice (1978-1980). Il est l'un des premiers artistes occidentaux à jouer en Chine après la révolution culturelle et est nommé professeur honoraire au Conservatoire de Pékin en 1980. Il donne également de nombreuses master classes dans le monde entier et est membre d'honneur de la Royal Academy of Music de Londres (1979). Parmi ses élèves figurent Jacqueline Du Pré, Arto Noras et Philippe Muller. Il meurt subitement pendant un cours d'interprétation au château de Villarceaux (Val-d'Oise), le 18 décembre 1990.

Son répertoire couvre naturellement l'ensemble de la littérature pour violoncelle, avec une prédilection particulière pour les Six Suites pour violoncelle seul de Bach, où sa rigueur et sa justesse de style équilibraient parfaitement le côté passionné de son tempérament. Il a créé des concertos de Karl Amadeus Hartmann, Jean Hubeau, Émile Passani et André Lavagne. Sur le plan technique, il a inventé une pique spéciale pour son instrument, qui permet de le tenir dans une position beaucoup plus inclinée qu'à l'habitude et qu'utilise notamment Mstislav Rostropovitch. Comme compositeur, il laisse des mélodies sur des poèmes de Verlaine et de Rimbaud (1938), une suite pour violoncelle seul en mineur (1944-1955), une sonate pour violoncelle et piano (1944), des duos pour deux violoncelles (1954),[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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