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HAAS PAVEL (1899-1944)

Né le 6 juin 1899 à Brno (alors Brünn, capitale de la province de Moravie au sein de l'Empire austro-hongrois) d'un père tchèque d'origine juive et d'une mère russe (née Epstein), Pavel Haas passe l'essentiel de sa courte carrière dans sa ville natale. Il fréquente l'école allemande mais achève ses études dans une institution tchèque. Il apprend le piano et compose ses premières esquisses dès l'âge de treize ans. En 1917, il doit revêtir l'uniforme autrichien et n'entreprend des études musicales qu'en 1919, lorsqu'il s'inscrit au conservatoire de Brno dans les classes de Jan Kunc et de Vilém Petrželka. D'octobre 1921 à juin 1922, il suit les cours de Leoš Janáček afin d'obtenir sa maîtrise. L'influence de l'auteur de Jenůfa est profonde sur ce jeune créateur, qui a d'abord été sous l'emprise du postromantisme allemand, de Brahms au premier Schönberg, de Mahler à Richard Strauss. Il désigne comme son opus 1 un cycle de Six Mélodies dans le ton populaire, pour soprano et piano, qui puise dans le folklore morave l'essentiel de son inspiration. Il ne donnera de numéros d'opus qu'à dix-huit des cinquante ouvrages qu'il entreprend (et laisse souvent inachevés) entre 1922 et sa déportation en 1941. Jusqu'en 1935, date de son mariage, il est associé aux affaires de son père. Il s'essaie dans tous les genres musicaux et compose le premier de ses trois Quatuors à cordes op. 3 (1920), Scherzo triste (Zesmutnělě Scherzo) op. 5 (1921), pour orchestre, sous le coup d'un chagrin d'amour, Fata Morgana, pour quintette à vent, avec ténor solo (1923), le Quatuor à cordes no 2 op. 7 « Zopičíh hor » (« Des montagnes du singe », surnom d'un massif tchéco-morave, 1925), dont le final, « Divá noc » (« Une nuit sauvage ») spécifie le renfort ad libitum d'un jazz-band. Fortement influencé par son oncle maternel, l'acteur et metteur en scène viennois Michael Epstein, il écrit pour la scène, le cinéma et la radio naissante, ainsi la musique du film populaire Život je pes (« Une vie de chien », 1933), dont son frère Hugo est un des acteurs. En 1935, il épouse un médecin, Soňia Jacobsonová, et consacre désormais l'essentiel de son temps à la composition. Il achève alors la tragi-comédie Šarlatán op. 14 (« Le Charlatan », 1936, créée à Brno le 2 avril 1938), d'où il tire une intéressante suite d'orchestre. Suivent le Quatuor no 3 op. 15, déjà marqué en son mouvement lent central par les événements politiques (accords de Munich), citant le fameux choral de saint Wenceslas (Svaty Václave), et qui s'achève par un appel à la résistance en son final, variations fuguées et choral (motif emprunté au chant révolutionnaire hussite devenu un hymne des Sokols (faucons, en français), association patriotique de gymnastes fondée en 1862, qu'avait déjà saluée Janáček par les fanfares de sa Sinfonietta, en 1926), la Suite pour hautbois et piano et les éléments d'une Symphonie en trois mouvements (5 août 1940-22 octobre 1941), travail qui sera interrompu par son transfert au camp de Terezín. La partition sera achevée par Zdeněk Zouhar en 1994.

Il arrive seul au camp, ayant pu faire croire à son divorce, subterfuge qui sauve de la mort sa femme et sa fille, ainsi que son neveu, le fils d'Hugo, parti pour Hollywood. Sous la pression de ses coreligionnaires présents, en particulier de Viktor Ullmann, il continue à composer : chœurs pour voix d'hommes sur des textes hébraïques et d'auteurs juifs (Al S'fod) ; Étude pour orchestre à cordes (1943, donnée sous la direction de Karel Ančerl en août 1944) ; Quatre Chants sur des poèmes chinois, que crée la jeune basse Karel Bermann (1944). Les manuscrits de Variations, pour piano et orchestre à cordes,[...]

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