PAVLE Ier (1914-2009)
Quarante-quatrième patriarche de l'Église orthodoxe serbe fondée en 1219, Mgr Pavle est mort le 15 novembre 2009 à l'hôpital militaire de Belgrade à l'âge de quatre-vingt-quinze ans.
Gojko Stojčevic est né le 11 septembre 1914 dans le district de Donji Mihojac, commune de Kučanci en Slavonie croate, alors territoire de l'Empire austro-hongrois. Il fait des études de médecine et de théologie et se spécialise dans la liturgie byzantine, dont il deviendra un expert renommé. En 1944, il entre au monastère de Rača ; il y prononce ses vœux quatre ans plus tard, adoptant le nom clérical de Pavle (Paul). Ordonné prêtre en 1954, il est nommé en 1957 évêque du diocèse de Raška et Prizren, représentant 70 p. 100 de la superficie du Kosovo. Au début des années 1970, roué de coups par des nationalistes albanais, il reste trois mois à l'hôpital. Il dénonce sans relâche la destruction des églises et monastères serbes au Kosovo. Le 1er décembre 1990, à la mort du patriarche German, il est élu patriarche de l'Église orthodoxe de Serbie. Désormais son combat contre les destructions de lieux de culte se fait au niveau international auprès des autres églises orthodoxes et du Vatican. Conservateur et très nationaliste, il soutient les Serbes de Bosnie et du Kosovo ainsi que les milices paramilitaires serbes qui mettent le pays à feu et à sang. Il aurait même béni certains combattants. Mais il est aussi farouchement opposé au président Slobodan Milošević, qu'il condamne pour son athéisme. En 1997, il participe aux manifestations contre le régime de Milošević. Dans une ex-Yougoslavie encore marquée par l'héritage socialiste, il parvient à faire réintroduire les programmes de religion dans les écoles publiques de Serbie malgré la loi de séparation entre les Églises et l'État. En 1999, en pleine guerre, il réinstalle le patriarcat serbe, rapatrié à Belgrade dans les années 1930, à Peć, son lieu d'origine au Kosovo. En 2006, il préside à Belgrade la réunion plénière de la commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre les Églises catholique et orthodoxe. Tombé gravement malade, il est hospitalisé à Belgrade le 13 novembre 2007. Le métropolite serbe du Monténégro, Amfilohije, très nationaliste lui aussi, assure alors l'intérim. Près de 600 000 personnes ont assisté aux funérailles du patriarche, dont le président de la République Boris Tadić et son Premier ministre, ainsi que le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartoloméos Ier, alors qu'écoles et entreprises étaient fermées. Belgrade a décrété un deuil national de trois jours. Pavle Ier a été enterré dans le cimetière du monastère de Rakovića, construit en 1502 à une douzaine de kilomètres au sud de Belgrade, et centre spirituel et politique du renouveau serbe aux xviiie et xixe siècles. Sa succession aggrave les antagonismes entre jeunes évêques réformateurs et vieux faucons nationalistes de l'Église serbe.
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Écrit par
- Christophe CHICLET
: docteur en histoire du
xx e siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revueConfluences Méditerranée
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