GALLES PAYS DE
S'étendant sur un peu plus de 20 000 kilomètres carrés, peuplé en 2022 de 3 132 000 habitants, le pays de Galles constitue, à l'ouest de la Grande-Bretagne, un élément de sa « frange celtique ». Bien plus étroitement intégré, depuis le xive siècle, au système politique anglais que l'Écosse ou l'Irlande ne l'ont jamais été, le pays de Galles n'en a pas moins conservé les traces profondes d'un peuplement particulier, de mœurs et d'une culture spécifiques, d'une indépendance passée. Celles-ci justifient un nationalisme contemporain aux ambitions, succès et fondements souvent remis en question ; elles valent au territoire, dans la langue celtique, son appellation de « Cymru ». Et, lors des cérémonies, le drapeau national, un dragon rouge sur fond vert et blanc, proclame la volonté de certains de ne pas se ranger sous l'autre bannière, royale anglaise, qui, depuis 1953, a enrichi le dessin initial d'un écusson surmonté de la couronne impériale. L'évolution de la situation politique, avec la création d'un Parlement autonome, permet au particularisme gallois de s'affirmer, sachant que l'intensité du nationalisme local ne saurait se comparer aux nationalismes écossais et encore moins irlandais.
Le poids du milieu
La géographie et l'histoire ont contribué à façonner l'ensemble gallois. Tant il est vrai que ses limites administratives d'aujourd'hui doivent davantage à des conflits séculaires, à des conquêtes et à leurs suites qu'à un déterminisme de la nature.
Le relief est celui d'un massif primaire, principalement réduit à un plateau disséqué par de profondes vallées, bordé d'une côte plus plate, et dominé par des sommets qui culminent au nord-ouest au mont Snowdon à environ 1 200 m et s'abaissent au sud-est jusqu'à moins de 800 m. Les rivières, dont la Severn, ont pu servir de fils conducteurs aux envahisseurs, les défenses naturelles ont favorisé longtemps une situation de refuge celtique : au temps des Romains, qui n'ont achevé la conquête qu'en 78 de notre ère, comme à l'encontre des Anglo-Saxons. À nouveau, lorsque l'Angleterre succombe devant les entreprises normandes, plusieurs siècles sont nécessaires à ses rois conquérants pour parachever la soumission du pays de Galles ; mais, si le titre de prince de Galles est, pour la première fois, conféré au prince héritier de la Couronne anglaise en 1301, il faut attendre le xvie siècle et le règne autoritaire de Henri VIII pour que l'Union devienne un fait (1526). Des héros nationaux et des souvenirs exaltants font ainsi partie du patrimoine du nationalisme gallois : il peut s'agir parfois de l'évocation de la longue résistance des tribus à la Rome conquérante ; des princes du vie siècle, tel Maelgwyn de Gwynedd, qui participèrent aux combats contre les envahisseurs saxons et des « rois » qui se disputèrent ensuite les portions intactes de l'héritage celte ; de la brève période d'unification qui accompagna le règne énergique de Rhodri Mawr (843-877), bientôt suivi cependant par de nouveaux partages et, au temps d'Alfred le Grand en Angleterre, par une quasi-soumission ; pourtant, de 907 à 948, le règne de Hywel Dda (en anglais Howel the Good) de Dinefwr est aussi celui d'un juste codificateur de lois. Au début du xie siècle, les élans des rois de Gwynedd ont réussi à unifier les Gallois, mais ceux-ci succombent devant les troupes de Harold en 1065, un an avant Hastings ; ensuite, il s'est surtout agi de contenir les ambitions des grands comtes normands des frontières, et seul le Gwynedd, dont les souverains ont le titre de « prince de Galles », garde encore une réelle autonomie ; les xiie et xiiie siècles ont légué surtout le souvenir d'une remarquable renaissance intellectuelle,[...]
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Écrit par
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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