PCF (Parti communiste français)
Depuis l'effondrement des régimes communistes en Europe de l'Est et en URSS (1989-1991), l'histoire du PCF peut être considérée comme achevée, du moins tant qu'elle est indissociable d'une configuration originale fondée sur l'ensemble des relations imaginaires et institutionnelles nouées au sein d'un mouvement communiste international dont la révolution d'octobre 1917 fut l'impulsion et dont le communisme soviétique assura la direction.
Ainsi bornée chronologiquement, cette histoire peut être divisée en deux grandes périodes caractérisées, pour la première, de 1920 à 1956, par la formation et l'apogée d'un parti politique progressivement orienté et habité par le « stalinisme » et, pour la seconde, de 1956 à nos jours, par une crise jamais résolue, se manifestant par un affaiblissement continu, même si elle fut parfois « masquée », aux yeux des observateurs comme des acteurs, par des phases de répit. Telle est la façon dont il nous paraît légitime de rendre compte de l'histoire du PCF. Elle résulte d'une longue tradition « historiographique » habitée par la question de la « spécificité » de ce parti politique, diabolisé ou encensé suivant les cas, mais toujours au prix d'une focalisation qui privilégie les facteurs endogènes.
Fondation et apogée d'un parti de « type nouveau » (1920-1956)
Le congrès de Tours et son sens (décembre 1920)
Dans la conjoncture de l'après-Première Guerre mondiale, marquée par une intense mobilisation sociale (les grèves de 1920) et intellectuelle, naît à Tours en décembre 1920, à la suite d'une scission majoritaire de la SFIO sur la question de l'adhésion à l'Internationale communiste fondée en 1919 à Moscou, un Parti socialiste (Section française de l'Internationale communiste) qui ne deviendra officiellement Parti communiste qu'en 1922. Pour les uns, parti de type nouveau qui se démarquerait à jamais de ce qu'ils considéraient comme les errements du Parti socialiste unifié fondé en 1904, pour les autres, selon le pronostic de Léon Blum, effet d'une division provisoire appelée à être résorbée une fois l'illusion soviétique et l'émotion critique passées, ce nouveau parti est l'objet d'attentes imprécises, d'anticipations contradictoires, d'investissements multiples aussi bien dans la base militante qu'au niveau des multiples prétendants aux postes dirigeants.
Le congrès de Tours va devenir, dans l'histoire officielle du PCF, l'acte par lequel on serait passé de « l'ombre à la lumière », comme l'écrira plus tard l'historien de parti Jean Fréville. Certes, la plus grande confusion règne, avant comme après, en particulier quant aux événements russes qui agissent à la manière d'un test projectif sur l'imaginaire militant. C'est pourquoi le choix de l'Internationale communiste qu'opère la majorité du Parti socialiste au congrès de Tours en 1920 est le fait de dirigeants dont la plupart ne resteront pas communistes. C'est le cas par exemple du secrétaire issu de Tours, L.-O. Frossard. Néanmoins, ce qui plaide en faveur du congrès de Tours comme acte fondateur, outre que « l'adhésion à l'IC » y est solennellement proclamée, c'est qu'il peut conduire à « l'acteur collectif » inventé et sacralisé par le stalinisme : « le Parti ». Il consacre aussi une autorité qui va progressivement s'imposer à la fois institutionnellement, intellectuellement et matériellement : l'Internationale communiste (1919-1943), puis le Kominform (1947-1956), c'est-à-dire aussi le Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS). Le rôle légitimant de l'Internationale communiste, seule autorité progressivement susceptible de consacrer et d'ordonner (c'est-à-dire d'imposer[...]
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Écrit par
- Bernard PUDAL : professeur émérite de science politique
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