PÊCHE
Performances économiques des pêcheries
La persistance de fortes surcapacités, la fréquence des conflits et la répétition des crises montrent que les dysfonctionnements ne se limitent pas à la dégradation des ressources.
Selon la F.A.O., les capacités mondiales de production excèdent d'un tiers le niveau nécessaire pour exploiter les ressources démersales au maximum de leur production soutenue. À la fin des années 1980, la Commission européenne évaluait à plus de 40 p. 100 les surcapacités dans les pêcheries communautaires. Dans les années 1990, ces surcapacités n'ont pas été significativement réduites. Celles-ci accroissent artificiellement le coût de la pêche, tandis que la surexploitation qu'elles entraînent réduit la valeur des captures. La pêche des stocks nobles ne génère alors pas plus de profit que celle des stocks de faible valeur. Le patrimoine halieutique perd sa valeur économique.
Lorsque les surcapacités sont fortes, les conflits tendent à se multiplier. Ceux-ci affectent toutes les pêcheries dans lesquelles les pêcheurs ne disposent pas de droits de pêche clairement définis. Si le nouveau droit de la mer (1982) donne aux États la capacité de réguler l'accès aux ressources présentes dans leurs aires de juridiction, la fréquence des conflits montre que ces États n'ont pas encore tiré pleinement profit des nouvelles dispositions et que celles-ci restent insuffisantes pour réguler l'accès aux stocks transfrontaliers et océaniques.
La régulation de l'accès aux stocks transfrontaliers et océaniques dépend de la négociation d'accords de coopération entre les pays concernés. Dans le cas des stocks partagés – entièrement circonscrits à l'intérieur de deux ou plusieurs zones économiques exclusives (Z.E.E.) –, la détermination et la réduction du nombre d'intervenants facilitent la négociation et l'application des accords. Le statut juridique des stocks chevauchants – distribués sur une ou plusieurs Z.E.E. et la haute mer – et océaniques – distribués principalement ou totalement en haute mer – n'a pas bénéficié de la même clarification. À tout moment, de nouveaux pays peuvent s'engager dans leur pêche. La dilution d'autorité qui en résulte accroît le coût des transactions dans la négociation et l'application des accords. Pour cette raison, ces accords restent rares, insuffisants et précaires.
L'érosion de l'emploi ou du revenu des pêcheurs sous l'effet des innovations techniques – qui améliorent l'efficacité dans un secteur où la production est bloquée par les ressources et où la mobilité géographique et professionnelle des pêcheurs est faible – rend la pêche vulnérable aux crises. Celles-ci surviennent lorsque des événements conjoncturels viennent rompre un équilibre déjà fragile. C'est le cas lorsque le prix du poisson chute (crise de la pêche française du début des années 1990) ou lorsque le coût de la pêche grimpe (du fait par exemple de l'affaissement de stocks dominants, comme ceux de morue dans la crise de la pêche atlantique canadienne à la même époque).
Ces crises sont souvent traitées dans l'urgence par les pouvoirs publics qui accordent des aides. Les subventions (construction navale, prix du carburant, prix de retrait des produits, régimes d'imposition, redéploiement des bateaux, campagnes de prospection...) peuvent représenter une part substantielle du coût de la pêche. En réduisant le coût de la pêche supporté par les armements, ces aides entretiennent les surcapacités et le malaise social.
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Écrit par
- Jean-Paul TROADEC : ancien directeur des ressources vivantes à l'Ifremer
Classification
Médias
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