- 1. Aux sources de l'éducation nouvelle : Érasme et Rousseau
- 2. Le thème de la démocratisation dans les projets révolutionnaires
- 3. Économie et éducation : écoles mutuelles du début du XIXe siècle
- 4. L'éducation intégrale et polytechnique dans la pensée socialiste du XIXe siècle
- 5. « L'école et la vie » selon Dewey et Makarenko
- 6. Bibliographie
PÉDAGOGIE Les courants modernes
Économie et éducation : écoles mutuelles du début du XIXe siècle
L'apport du xixe siècle à l'histoire de l'éducation réside, d'une part, dans la différenciation des institutions scolaires, d'autre part, dans l'essor de l'éducation populaire à tous les niveaux, depuis le stade préscolaire jusqu'à la formation des adultes.
À ce propos, la multiplication des écoles mutuelles sous la Restauration représente un essai intéressant et audacieux d'organisation d'un enseignement élémentaire de masse.
Après la chute de Napoléon, les exigences ou les effets de la première révolution industrielle rendent de plus en plus sensible le décalage entre les besoins d'instruction et les moyens dont on dispose pour satisfaire ces besoins. Ce n'est pas un hasard si l'enseignement mutuel se développe d'abord en Angleterre, pays dont l'industrie est la plus avancée aux xviiie et xixe siècles. Les industriels de l'époque voient dans le système mutuel, qui consiste à confier plusieurs centaines d'élèves à un seul maître assisté de moniteurs, un moyen de formation rapide et économique et la possibilité de développer chez les travailleurs des habitudes de régularité, d'ordre et de réflexion. L'enseignement mutuel doit aussi, d'après eux, permettre d'instaurer ou de maintenir la paix sociale, menacée par la reconstitution des associations ouvrières. Entre 1815 et 1820, plus de mille écoles mutuelles s'édifient en France et rassemblent plus de cent cinquante mille élèves. Les recrues sont réparties par niveaux. Le passage d'une catégorie à l'autre s'effectue selon des règles strictes d'avancement. Les élèves se groupent en demi-cercles autour des moniteurs de lecture ou prennent place devant de longues tables au bout desquelles d'autres moniteurs, munis de modèles d'écriture ou de tableaux de grammaire et de calcul avec questions et réponses, règlent dans les moindres détails, par coups de sifflet ou gestes conventionnels, les exercices scolaires ou les déplacements. L'instituteur dirige l'ensemble des activités du haut de sa chaire. Les fautes, sanctionnées par un tribunal d'enfants, sont rachetables au moyen de billets donnés à titre de récompense.
Les écoles mutuelles suscitent à leur début un engouement parfois excessif dans les milieux industriels ou chez l'élite intellectuelle. On y voit le moyen de surmonter les difficultés engendrées par l'industrialisation et l'urbanisation. Mais le sort de ces écoles sera étroitement lié aux fluctuations de la vie politique et à l'évolution de la législation scolaire. L'enseignement mutuel disparaîtra à l'aube de la IIIe République.
Il occupe pourtant une place privilégiée dans l'histoire de l'éducation. Il représente, en effet, l'illustration remarquable d'un modèle pédagogique, l'essaimage ou la démultiplication, qu'on retrouve sous d'autres formes ou à d'autres époques. Il procède lui-même d'un certain courant moral et idéologique, le mutuellisme, qui anime, entre autres, les sociétés de secours mutuel. Il implique enfin des efforts de rationalisation de l'acte éducatif et le double souci de proposer aux élèves des exercices gradués et de contrôler systématiquement les effets du travail scolaire. À ce titre, il préfigure l'une des tendances dominantes de la pédagogie moderne.
Cependant, l'organisation d'un véritable enseignement populaire se heurte à certaines contradictions propres à l'économie libérale du xixe siècle. Instruire les enfants du peuple, c'est sans doute réaliser un investissement, à long terme, rentable. Mais c'est aussi se priver, dans l'immédiat, d'une main-d'œuvre enfantine à bon marché. C'est également risquer[...]
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Écrit par
- Antoine LÉON : professeur à l'université de Paris-V
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Média
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