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PÉDAGOGIE Les problèmes de l'éducation scolaire

Les variations sur l'étymologie du terme de pédagogie, pas plus qu'un inventaire méthodique des emplois attestés, ne suffiraient à mettre au clair les multiples aspects et les significations diverses d'un concept et d'une discipline qui concernent chacun de nous, quotidiennement, et qui, de ce seul fait peut-être, sont d'un usage aussi commun qu'ambigu. Mieux vaut sans doute se résigner alors à ces polysémies, à les prendre au sérieux ; mieux vaut faire au départ l'hypothèse qu'elles tiennent à la « nature des choses », plutôt qu'à la provisoire indigence de nos « sciences de l'éducation » : ce libellé disciplinaire, qui dans les universités françaises a remplacé – assez récemment – celui de « pédagogie », ne lève d'ailleurs aucune ambiguïté, puisqu'il couvre aussi bien, et légitimement, les sciences auxquelles l'éducation peut emprunter des données ou des règles partielles, et celles qui prennent, avec leurs méthodes propres (celles de la psychologie, de la sociologie, de l'économie...), les phénomènes éducatifs pour objet, et encore celles – vénérables comme la philosophie ou « actuelles » comme l'informatique cognitive – qui n'ont pas renoncé à faire de l'éducation une pratique entièrement théorisée. N'est-il pas évident, en effet, que la pédagogie ne peut pas se soustraire à la science et à la technologie, mais qu'elle ne saurait jamais s'y réduire ? Ne faut-il pas, une fois pour toutes, convenir qu'il ne peut y avoir, littéralement parlant, de science normative, et qu'en même temps il ne saurait y avoir de pédagogie que normative ? Accepter de telles prémisses, bien peu originales au demeurant, ce n'est, certes, résoudre aucun problème : mais c'est peut-être, sur un sujet où les discours surabondent, éviter quelques débats académiques qui, en vingt-cinq siècles et plus, n'ont guère avancé. Ni même essentiellement varié, sinon dans l'expression.

Les problèmes didactiques

Reconnaissons que toute question pédagogique, qu'elle soit étroitement spécifiée (par exemple : la « pédagogie du calcul à l'école primaire ») ou formulée très largement (par exemple : la « formation de la personnalité »), renvoie obligatoirement à trois sortes d'interrogations au moins.

En premier lieu se posent des problèmes qu'on peut appeler didactiques, et qui concernent les techniques mêmes de la communication des savoirs ou, aussi bien, des modèles de comportement. Il est trop évident que la pédagogie ne se résume pas à de tels problèmes. Mais il ne serait pas moins grave de les ignorer ou, comme le veut une mode qui n'est même pas nouvelle (Socrate déjà devait être parfaitement convaincu qu'il pratiquait un enseignement non directif, la théorie des Idées et la technique maïeutique autorisant cette double illusion), de les minimiser au profit, par exemple, des problèmes de « relation » ou d'un humanisme un peu trop facilement général. On aimerait donc souligner que les questions didactiques ne limitent pas leur champ au secteur de l'activité pédagogique qui, par vocation ou par tradition, a pour fonction la transmission de connaissances préétablies et admises. Éveiller ou développer le sens esthétique, former des personnalités « libres et autonomes », c'est sans doute un objectif plus ambitieux, plus noble (et plus vague, hélas !) que d'enseigner la règle de trois ou d'inculquer les règles et les contingences de l'orthographe. Mais réserver à ces derniers objectifs les recherches didactiques et laisser les premiers à l'improvisation ou aux options philosophiques et idéologiques incontrôlables serait un contresens aussi grave que celui, diamétralement opposé, qui poserait que, pour des raisons scientifiques, tous ces problèmes doivent être formulés dans[...]

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  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales

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