PÉDOLOGIE
Analyse et caractérisation des couvertures pédologiques
En zones cultivées, un observateur ne voit que la partie la plus superficielle des sols. Sous forêts et végétations naturelles, il ne voit rien directement. Pour étudier les C.P., il est donc indispensable de creuser des tranchées ou des fosses, de les décrire, puis de prélever des échantillons pour analyses et examens complémentaires. Ces points d'observation et de prélèvement doivent être judicieusement localisés en fonction d'une analyse préalable du paysage mais aussi en tenant compte des informations acquises progressivement.
L'analyse d'une couverture pédologique est une analyse dite « remontante », car elle repose sur l'analyse détaillée d'une unité élémentaire de modelé (bassin versant ou interfluve), à partir de laquelle on pourra « remonter » à l'échelle de la région d'étude. Le choix de l'unité de modelé sur laquelle vont se concentrer les différentes investigations est la partie « descendante » de l'étude : depuis l'analyse du paysage à l'échelle régionale, on « descend » à celle de l'unité de modelé choisie comme représentative du paysage étudié.
Le choix et l'emplacement des observations
Depuis les études réalisées dans la seconde moitié du xxe siècle, particulièrement en régions tropicales, on sait que la couverture pédologique est un milieu structuré, en perpétuelle évolution. Pour saisir cette organisation, l'emplacement des fosses à ouvrir pour étudier les sols doit se faire le long d'axes perpendiculaires aux courbes de niveau (c'est là où l'on peut saisir, sur une distance minimale, les éventuelles variations latérales de structures).
Une fois ces axes (ou « toposéquences ») choisis (pour un bassin versant, un axe en position amont et un axe en position aval par exemple), on décide pour chaque toposéquence d'ouvrir des fosses sur les parois desquelles on pourra faire des observations sur la morphologie de la couverture pédologique. Le nombre de fosses sera fonction de la longueur des toposéquences ; il sera au minimum de trois (une en position amont, une en position aval, et une au milieu pour saisir les transitions éventuelles). Et la répartition de ces fosses le long de la toposéquence sera indépendante des variations de surface observées : on s'arrangera pour ouvrir des fosses qui soient situées à égale distance les unes des autres.
L'emplacement des fosses doit permettre de voir, de décrire toutes les structures présentes le long des toposéquences ; et, pour saisir toutes les transitions et les limites qui associent et séparent ces structures, on cherchera à ouvrir des fosses dans les zones de transition.
Différents niveaux d'organisation
Au sein d'une couverture pédologique, on peut distinguer plusieurs niveaux d'organisation emboîtés.
Les particules élémentaires sont les constituants de base des assemblages. Étant donné leurs dimensions (de 2 à 20 μm pour la fraction des limons ; moins de 2 μm pour les fractions « argile »), ces derniers ne peuvent être étudiés sans faire appel à diverses techniques microscopiques. En général, un seul assemblage existe au sein d'un agrégat, mais plusieurs peuvent coexister.
Les agrégats sont des agglomérats de particules dont la cohésion interne est assurée par différents ciments (argiles, oxydes de fer, matières organiques, eau).
La structure d'un horizon est la façon selon laquelle s'arrangent naturellement et durablement les constituants en formant des volumes élémentaires macroscopiques appelés agrégats. En d'autres termes, c'est la façon selon laquelle il se subdivise et s'organise en agrégats.
Les horizons résultent de la subdivision d'une couverture pédologique en volumes considérés comme suffisamment homogènes. Il est clair que cette[...]
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Écrit par
- Georges AUBERT : professeur honoraire de pédologie à l'O.R.S.T.O.M.
- Denis BAIZE : directeur de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique, docteur ès sciences
- Mireille DOSSO : professeur de science du sol à l'Institut des régions chaudes, Montpellier SupAgro
- Marcel JAMAGNE : directeur de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique, directeur du Service d'étude des sols et de la carte pédologique de France
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