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PEI IEOH MING (1917-2019)

L'architecte sino-américain Ieoh Ming Pei est né à Canton le 26 avril 1917. Il a passé sa jeunesse à Hong Kong, où son père dirigeait la Banque de Chine, puis à Shanghai, au moment du plein développement économique et commercial de la ville. En 1935, il rejoint le Massachusetts Institute of Technology de Cambridge (États-Unis), dont il sort diplômé en architecture en 1940. Retenu par la Seconde Guerre mondiale, il collabore à la défense nationale des États-Unis, en analysant, à des fins militaires, les villes japonaises et leur construction, ce qui lui vaut en 1954 la citoyenneté américaine. Élève à la Harvard Graduate School of Design, où professaient Gropius et Breuer, il fait partie de cette génération d'architectes modernistes américains formée par les maîtres européens de l'avant-guerre.

À partir de 1948, il mène différentes études urbaines pour le cabinet de promotion Webb and Knapp, y acquérant sens du travail en équipe, réalisme, respect des contingences techniques et financières. Il étudie ainsi le Mile High Center de Denver (1955), la restructuration du centre de Montréal en construisant, au-dessus d'une ancienne gare de triage, Place Ville-Marie, à la fois gratte-ciel cruciforme et complexe piétonnier à plusieurs niveaux, qui compte parmi les grands modèles de l'urbanisme occidental de l'après-guerre (1961). Enfin, il aménage le quartier de Society Hill à Philadelphie, pour lequel il organise un ensemble de maisons disposées autour de placettes et un groupe de trois tours de trente étages (1964). Appuyés sur une analyse précise des problèmes à résoudre, respectueux des tissus urbains, ces projets se caractérisent par la simplicité et la cohérence de leur parti.

En 1962, il quitte Webb and Knapp ; il avait dès 1958 créé la firme Pei and Associates, qui devint Pei and Partners en 1966 et compta à certains moments près de trois cents employés, dont plusieurs dizaines d'architectes. Il pratique alors une manière sèche et nette, inspirée du purisme de Mies van der Rohe, sensible dans sa transparente maison de week-end de la région de Westchester (1952). Ses tours de Kips Bay Plaza à New York (1960 et 1965), influencées par le célèbre Lake Shore Drive de Mies mais où le béton armé remplace le métal, constituèrent le prototype d'une série de réalisations d'expression sobre, qu'on retrouve à Society Hill, dans le grand ensemble de New York University (1966), au Earth Sciences Center du MIT (1964) ou, à un moindre degré, aux Harbor Towers du port de Boston (1973).

Puis il s'oriente vers la plasticité plus généreuse de Le Corbusier, étudie l'œuvre d'Aalto et celle de Louis Kahn, s'évadant quelque peu d'une orthogonalité qui l'avait généralement tenu dans son carcan. Les musées qu'il bâtit alors à Syracuse (Everson Museum of Art, 1964), à Des Moines dans l'Iowa (1968), à la Cornell University d'Ithaca (1973), furent pour lui l'occasion d'expérimenter des volumes à la géométrie forte et pure, avec de grandes surfaces aveugles, des porte-à-faux, une décomposition sculpturale des masses et un usage contrôlé du rythme et de la proportion des percements. Le centre des recherches atmosphériques de Boulder, dans les montagnes Rocheuses du Colorado (1967), regroupe des volumes scandés, asymétriques, dans un site superbe où l'ombre et la lumière se disputent les grandes surfaces de béton rose.

Auteur à la fin des années 1960 du terminal Kennedy de New York et d'une tour de contrôle pentagonale qui sera répétée sur vingt-cinq ou trente autres aéroports, Pei poursuit sa quête d'expressivité plastique dans l'ensemble du Christian Science Center de Boston (1975) et dans la haute façade oblique de l'hôtel de ville de Dallas (1977). Au tournant des années 1980, deux édifices ont assis sa réputation[...]

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