PEINTURE DE GENRE
Le XIXe siècle : la contribution réaliste et impressionniste ; vers la dissolution des genres
La peinture de genre se fait discrète au plus fort de la vogue des thèmes héroïques sous la Révolution et l'Empire. La révolution de 1848 ouvre une phase de militantisme social et esthétique. Jean-François Millet se consacre à des représentations monumentales de la condition laborieuse des paysans, qui expriment une intense nostalgie face aux progrès rapides de l'industrialisation. Gustave Courbet, chef de file des naturalistes, confère à la scène de genre une agressivité provocatrice par le prosaïsme des sujets, le réalisme radical du traitement et l'ampleur des formats (L'Enterrement à Ornans, 1850, musée d'Orsay, Paris). Avec Courbet la hiérarchie traditionnelle vole en éclat : la peinture narrative est identifiée de fait à la peinture de genre, puisque « la peinture est un art essentiellement concret et ne peut consister que dans la représentation de choses réelles et existantes » (Courbet).
La voie ouverte par Courbet est suivie par les impressionnistes, qui, à côté des portraits et des paysages, s'intéressent aux scènes de la vie parisienne, donnant corps à l'idéal du peintre de la vie moderne défini par Baudelaire en 1863. Manet et Degas, puis Toulouse-Lautrec, Bonnard et Vuillard sont les artistes les plus intéressés par la vie contemporaine, qu'ils évoquent à travers des thèmes nouveaux : le monde bourgeois des affaires, les spectacles élégants ou populaires, les courses, les danseuses et le music-hall, les maisons closes, la rude condition des gens du peuple.
Dans le même temps, les définitions traditionnelles des genres perdent leur pertinence pour rendre compte d'une part grandissante de la peinture de figures, des scènes tahitiennes de Gauguin aux inventions iconographiques des différents courants symbolistes. Le sujet s'efface derrière la primauté du style, appelé à d'incessants bouleversements. En 1890, Maurice Denis formule ainsi le premier article de l'esthétique nabi : « Se rappeler qu'un tableau – avant d'être un cheval de bataille, une femme nue, ou une quelconque anecdote – est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. »
Les avant-gardes successives du début du xxe siècle, en portant un coup mortel au double principe de narration et d'imitation des apparences, et donc à la représentation crédible du quotidien, achèveront l'enterrement des catégories qui avaient régi la conception de la peinture du xvie au xixe siècle.
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Écrit par
- Anne le PAS de SÉCHEVAL : maître de conférences à l'université de Paris-X-Nanterre
Classification
Médias
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