PÉKIN ou BEIJING
L'agglomération
L'agglomération peut être divisée sommairement en trois zones : la « ville murée » traditionnelle, la banlieue proche et la grande banlieue.
La « ville murée » comprend la ville intérieure (Nei cheng) – souvent appelée ville tartare parce que les Mandchous s'y sont établis de préférence –, où résidaient les classes privilégiées, installées dans d'élégants palais au milieu de cours intérieures et de jardins. De forme carrée (côtés de 6 km environ), elle occupe approximativement le site de la ville mongole, Khanbaliq. Elle était entourée de remparts datant du xve siècle, percés d'une dizaine de portes monumentales et surmontés de hautes tours à chaque angle.
Au centre se trouve la « ville pourpre interdite » (Zijin cheng), réservée à l'empereur et à son entourage immédiat ; elle est formée de la cité impériale proprement dite (Huang cheng), ancien siège de la cour, entourée d'un mur dont seule subsiste la partie sud. Son plan symbolise dans l'espace l'éminente position de l'empereur, fils du Ciel, représentant sur la Terre de l'autorité suprême. Elle renferme le palais impérial (Gugong, « vieux palais »), avec ses pavillons transformés en musée et ses parcs devenus publics depuis la Libération : le parc de la Montagne de charbon au nord et au sud, le parc Sun Yat-sen et le parc de la Culture du peuple, qui sont séparés par la place de la porte de la Paix céleste (Tian'an men). Cette immense place est une des grandes œuvres d'embellissement de la ville, entreprises au moment du « Grand Bond en avant » ; centre géographique de Pékin, mais aussi symbole du nouveau régime, elle est devenue, avant d’être le théâtre de la contestation de 1989, le lieu des grands rassemblements comme celui du 1er octobre. Depuis la tribune, dont l'effigie figure dans les armoiries de la république populaire de Chine, le président Mao Zedong et les hauts dignitaires du régime avaient coutume, jusqu'en 1970, de s'adresser à une foule de plus d'un million de personnes. Si la porte proprement dite fait partie du décor traditionnel de l'ancienne ville impériale, la place, elle, est flanquée de vastes édifices modernes – le palais de l'Assemblée du peuple et les musées de l'Histoire et de la Révolution chinoise – qui veulent être la marque de la grandeur du nouveau régime.
Ces constructions neuves n'ont pas détruit l'harmonie et l'intégrité de la vieille ville qui demeure au milieu de ses parcs une sorte de cité-musée, témoin de l'architecture traditionnelle de la Chine. Toutefois, les remparts et la plupart des grandes portes ont été rasés, pour rompre définitivement avec un symbole hérité du passé, mais aussi pour faciliter le développement des communications. Dans une audace inattendue, les dirigeants chinois ont néanmoins pris le risque de rompre avec l’image de la cité-musée : posé sur une étendue d’eau à proximité immédiate de la place Tian’anmen, le futuriste Grand Théâtre national de Chine, inauguré en décembre 2007, a déchaîné passions et controverses.
Au-delà de la cité impériale, de larges avenues ont été tracées à partir de 1949, découpant la ville intérieure selon un plan en damier, laissant entre elles des quartiers de forme généralement rectangulaire, desservis intérieurement par de petites ruelles tortueuses, les hutong, symboles de l’urbanisme pékinois traditionnel. De hauts édifices modernes – comme la gare de Pékin, les grands hôtels, le palais des Cultures des minorités – côtoyaient ainsi les basses maisons grises (siheyuan) des petites ruelles.
Mais la ville intérieure a connu de profonds bouleversements, surtout dans sa partie est, en seulement quelques années. L’obtention des jeux Olympiques de 2008 a joué le rôle d’accélérateur dans le[...]
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Écrit par
- Jean CHESNEAUX : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, directeur d'études à l'École pratique des hautes études
- Marie-Annick LANCELOT : chargée de conférences à l'Institut national des langues orientales vivantes de l'université de Paris-III
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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