PELÉ EDSON ARANTES DO NASCIMENTO, dit (1940-2022)

Le « Roi » Pelé

Dès lors, jamais l'étoile de Pelé ne cessera de briller au firmament de la galaxie footballistique. Il multiplie les buts et les exploits. Son geste est précis et, surtout, rapide. Pelé se montre capable, en deux ou trois foulées, d'atteindre sa pleine vitesse, laissant ainsi sur place des adversaires médusés ; sa souplesse lui permet de réaliser balancements de buste trompeurs et changements soudains d'appuis au sol ; sa détente verticale est impressionnante et, malgré une taille modeste (1,72 m), il inscrit de nombreux buts de la tête ; d'un simple contrôle de la poitrine, il peut éliminer n'importe quel adversaire. Mais ce soliste est aussi altruiste. Il fait du « une-deux » une arme absolue, sous le maillot de Santos avec Coutinho et Pepe, plus tard en équipe nationale avec Tostão. Sa vitesse de perception du jeu lui permet d'analyser en un instant une situation et d'exploiter à merveille toute possibilité d'action, faisant briller ses équipiers. Certains de ses buts vont constituer la matière d'une véritable chanson de geste. Ainsi, en 1959, face à une équipe pauliste, la Juventus, il réussit quatre lobs au-dessus de quatre adversaires avant d'expédier le ballon dans le but ; en 1961, lors d'un match au Maracanã face à Fluminense, il effectue une course de 70 mètres en dribblant sept joueurs de l'équipe adverse avant de tromper un gardien de but médusé – une plaque sera apposée sur un mur de ce stade pour commémorer cet improbable exploit ; en 1962, en finale de la Coupe intercontinentale face au Benfica Lisbonne, il élimine Eusebio d'un grand pont puis d'un petit pont, se joue de deux défenseurs, de trois autres venus à la rescousse, contourne le gardien Costa Pereira et propulse le ballon dans le but vide. Ce match remporté par Santos (5-2, dont 3 buts de Pelé) est considéré par beaucoup comme le plus beau de sa carrière.

Sous le maillot du Santos FC, Pelé est onze fois champion de l'État de São Paulo, remporte six fois la Coupe du Brésil, gagne la Copa Libertadores (Coupe d'Amérique du Sud des clubs) en 1961 et en 1962, la Coupe intercontinentale (compétition opposant le vainqueur de la Copa Libertadores au lauréat de la Coupe d'Europe) en 1962 et en 1963. Les plus grands clubs européens souhaitent bien sûr s'attacher les services de ce diamant unique. Aussi, pour éviter de voir le joyau de son pays s'expatrier, le président Jânio Quadros l'élève au rang de « trésor national », en vertu de quoi il fait partie du patrimoine du pays et ne peut – comme la récolte de canne à sucre – être « exporté » qu'avec l'accord du gouvernement !

En 1962, Pelé remporte la Coupe du monde pour la seconde fois consécutivement. Il inscrit certes un but contre le Mexique, mais, face à la Tchécoslovaquie, il se blesse et ne pourra participer à aucune autre rencontre, laissant la vedette à ses coéquipiers Garrincha, Vava et Amarildo. En 1966, le Brésil et Pelé viennent chercher en Angleterre un troisième titre mondial consécutif. Jusque-là, sa technique et sa vision du jeu avaient permis à Pelé d'éviter les coups. En Angleterre, la revanche des obscurs et des maladroits va être sans pitié. Pelé inscrit un but face à la Bulgarie, avant d'être agressé par Dobromir Jetchev. Blessé, il déclare forfait pour le match suivant, perdu par le Brésil face à la Hongrie (3-1). Le Brésil doit donc battre le Portugal pour accéder aux quarts de finale. Et il a besoin de Pelé, même si celui-ci n'est pas totalement remis. Cette fois, le rugueux Jao Pedro Morais tacle Pelé plus que durement. Le prodige brésilien, d'abord évacué sur une civière, ne fera plus que de la figuration sur le terrain – les remplacements de joueurs sont alors interdits –, et le Brésil se voit éliminé de la compétition...[...]