PÈLERIN DE MARICOURT PIERRE (XIIIe s.)
Ayant vécu au xiiie siècle, Pierre le Pèlerin de Maricourt, de son nom latin Petrus Perigrinus, est un savant connu pour avoir rédigé une lettre dans laquelle il décrit les principales propriétés de l'aimant. Il y donne, à partir du peu de connaissance de son époque et de ses propres expériences et observations, les premières explications scientifiques de l’attraction et de la répulsion qu’exercent les aimants entre eux et sur le fer.
Sa vie
Les rares éléments biographiques concernant ce personnage du Moyen Âge sont fournis par l’en-tête et la dernière phrase de cette lettre. On y apprend qu’il est originaire de Picardie, du village de Maricourt, qui se trouve non loin de Péronne (actuel département de la Somme), et qu’il écrit à Sieger de Foucaucourt, ce dernier nom désignant un village voisin. Il était très probablement savant ingénieur au service de Charles Ier d'Anjou puisqu'il signe sa lettre durant le siège de Luceria (aujourd’hui Lucera, dans le sud de l’Italie) en avril-août 1269, ville alors aux mains des Sarrasins. Le terme Pèlerin indique qu'il a participé à une croisade.
Pour obtenir d’autres informations, des historiens ont cherché à retrouver dans les écrits de ses contemporains des évocations de son nom ou de ses travaux. Certains l’assimilent à deux noms mentionnés par Roger Bacon dans ses ouvrages. Il s’agit, d’une part de Maître Pierre (Magister Petrus) figurant dans son Opus majus(1267) et décrit comme le seul mathématicien digne de ce nom, et d’autre part de Pierre de Maharne-Curia, que l’auteur considère comme le maître des expériences (Dominisexperimenterum) dans son Opus tertium(1267). Toutefois, rien ne permet d’affirmer que ces trois personnages ne font qu’un. Il faut reconnaître que les appellations de mathématicien et de maître des expériences conviennent bien à Pierre le Pèlerin de Maricourt.
Seules deux œuvres de Pierre le Pèlerin de Maricourt sont parvenues jusqu'à nous. L’une s'intitule Nova compositioastrolabiiparticularis, « Nouvelle composition d'un astrolabe particulier ». L'astrolabe est un instrument mathématiquement complexe, puisqu'il suppose la connaissance de la projection stéréographique de la voûte céleste pour différentes latitudes et la mise en concordance de cette dernière avec certaines étoiles. L'autre manuscrit est EpistolaPetriPeregrini de Maricourt ad Sygerum de Foucaucourtmilitem : De magnete, « Lettre de Pierre le Pèlerin de Maricourt au chevalier Sieger de Foucaucourt : sur l'aimant ». Il est communément connu sous son titre abrégé : Epistola de magnete. Une trentaine de manuscrits de ce texte existent dans le monde. Dans cette lettre, Pierre le Pèlerin de Maricourt mentionne encore un livre sur les applications des miroirs (Libro de operibusspeculorum)aujourd'hui disparu.
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Écrit par
- Patricia RADELET DE GRAVE : professeure émérite de l'université de Louvain (Belgique)
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