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PÈLERIN DE MARICOURT PIERRE (XIIIe s.)

« Epistola de magnete »

C'est à cette lettre datée du 8 août 1269 que Pierre le Pèlerin doit sa notoriété. L'auteur y décrit avec soin et de manière organisée les principales propriétés de l'aimant. Avant lui, certains savants avaient observé le comportement étrange de la « pierre d'aimant (aimant naturel) », et ce depuis l'Antiquité. Mais leurs récits étaient le plus souvent teintés de magie ou de superstition. Le texte de Pierre le Pèlerin contraste nettement avec ces écrits par sa rigueur.

Epistola de magnete est divisé en deux parties : l'une théorique, l'autre pratique. L'auteur signale qu'il y a une force cachée dans la pierre magnétique et qu'il faut faire des expériences pour connaître ses propriétés. Mais, avant tout, il faut trouver la bonne pierre. C'est pourquoi il la décrit avec minutie : « Sa couleur doit être celle du fer, noirâtre mêlée d'indigo ou d'azur, de sorte qu'elle soit comme du fer poli altéré par un air corrompu. »

Il va d'abord déterminer deux points particuliers d'une pierre d'aimant taillée en forme de sphère puis préciser leur emplacement. Il va ensuite montrer comment les distinguer l'un de l'autre. Il donnera le nom de pôle nord à celui qui se tourne vers le nord du ciel et de pôle sud à son opposé. Dans ce but, il commence par placer sur l'aimant, une aiguille de fer qu'il laisse s'orienter librement. Il trace ensuite un grand cercle en suivant la direction donnée par l'aiguille. Il répète cette expérience en plusieurs endroits et constate que tous les cercles se coupent approximativement en deux points. Il va préciser leur emplacement au moyen d'un petit morceau de limaille de fer qu'il laisse tomber sur la sphère à un des endroits où se croisent les grands cercles. « Là où la pointe de l'aiguille ou du fer adhère le plus souvent ou le plus fortement là sera ce lieu c'est-à-dire un des points trouvés également par la méthode déjà décrite. » Pour distinguer le pôle sud du pôle nord, il place l'aimant dans une coupelle qui flotte librement sur l'eau d'un baquet. Sur le bord de ce baquet, il a marqué d'une entaille la direction des pôles nord et sud de la voûte céleste. Il laisse aller la coupelle et observe comment s'oriente l'aimant. Selon lui, le pôle sud de la pierre s'oriente vers le pôle sud de la voûte céleste et le pôle nord vers le nord. Ce n'est que lorsqu'il fait cette expérience qu'il introduit probablement pour la première fois le mot « pôle » pour désigner ces deux points particuliers de l'aimant. Il observe ensuite que le morceau de fer, après avoir touché l’aimant, devient lui-même magnétique, s’orientant lui aussi suivant l'axe nord-sud du ciel. Pierre le Pèlerin montre encore que l'on peut inverser le sens de la magnétisation du fer, c'est-à-dire échanger les pôles nord et sud.

Pierre le Pèlerin de Maricourt montre, toujours au moyen de l'expérience du baquet d'eau, que c'est le pôle nord d'une pierre magnétique qui attire le pôle sud d'une autre pierre ou d'un fer et réciproquement. Puis il explique ce phénomène en montrant que, si le pôle nord d'une pierre attire le pôle sud d'une autre pierre (ou d'un morceau de fer), l'aimant total – formé de ces deux pierres – aura comme chacune des deux pierres, un pôle nord dirigé vers le nord et un pôle sud dirigé vers le sud.

Expérience de Pierre le Pèlerin de Maricourt - crédits : Encyclopædia Universalis France

Expérience de Pierre le Pèlerin de Maricourt

Dans l'esprit de Pierre le Pèlerin, le chapitre X est l'apothéose de sa théorie car il exhibe la similitude entre la voûte céleste et l'aimant sphérique. Malheureusement, son extrapolation n'est pas correcte. Pierre le Pèlerin estime que la pierre magnétique sphérique est le reflet de la voûte céleste et donc que si on la fixe sur deux[...]

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Expérience de Pierre le Pèlerin de Maricourt - crédits : Encyclopædia Universalis France

Expérience de Pierre le Pèlerin de Maricourt

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