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BALKANS ou PÉNINSULE BALKANIQUE

La péninsule balkanique, ou, en abrégé, les Balkans, est une partie de l'Europe du Sud-Est qui, selon l'usage courant, correspond au territoire de l'Albanie, de la Bulgarie, de la Grèce, des États issus de la décomposition de la Yougoslavie (Bosnie-Herzégovine, Croatie, Kosovo, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie, Slovénie) et à la partie européenne de la Turquie, soit 551 000 kilomètres carrés et plus de 60 millions d'habitants, l'étendue de la France et une population un peu moindre. Quelques auteurs, toutefois, y ajoutent la Roumanie. D'autres en retranchent la Slovénie et la Croatie, dont le peuple et les élites n'ont jamais vraiment accepté d'être assimilés aux Balkans et, depuis leur indépendance, se réclament massivement de l'Europe centrale, arguments historiques et culturels à l'appui.

L'expression péninsule balkanique est du géographe allemand Johann August Zeune (1808). Il s'agissait, dans l'esprit naturaliste d'Alexandre de Humboldt et de Carl Ritter, de désigner systématiquement les grandes divisions naturelles du globe d'après les lignes principales de leur relief, au lieu d'employer des termes à connotations historiques (péninsule hellénique ou illyrienne) ou politiques (Turquie d'Europe). De même a-t-on pu parler de péninsule pyrénéenne pour la péninsule Ibérique, de péninsule alpine pour l'Italie.

Or cette dénomination reposait sur une erreur (ce qui ne l'a pas empêchée de s'imposer). On croyait encore au début du xixe siècle, en Europe occidentale, en l'existence d'une chaîne de montagnes unique, des Alpes orientales à la mer Noire, erreur rectifiée par Ami Boué (La Turquie d'Europe, 1840). C'est à cette chaîne supposée que l'on généralisa le terme de Balkan, appellation locale recueillie auprès des Turcs alors majoritaires dans l'est de la Stara Planina, aujourd'hui en Bulgarie. Balkan, en effet, est un mot turc signifiant montagne, montagne boisée, forêt.

Montagneuse et cloisonnée, la péninsule balkanique paraît naturellement prédisposée au morcellement ethno-linguistique et culturel. Aucune métropole de premier ordre ne s'y est développée si ce n'est, à son extrémité orientale et contrôlant les Détroits, Byzance. Politiquement, elle a oscillé entre l'unité, réalisée par les Empires romain, byzantin et ottoman, et la fragmentation, soit en principautés féodales, soit en États nationaux. C'est au xixe siècle, lorsque les nationalités, manipulées par les grandes puissances, s'entre-déchiraient tout en luttant pour leur indépendance, que fut créé le mot « balkaniser », avec le sens de semer la discorde et diviser en mini-États pour affaiblir. Le long déclin de l'Empire ottoman, les rivalités nationales et les ingérences étrangères ont freiné le développement économique et social, de sorte qu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, elle-même très destructrice en Yougoslavie, en Albanie et en Grèce, les États balkaniques présentaient le même type de sous-développement, caractéristique de la rive nord de la Méditerranée, que le Mezzogiorno italien ou le sud de la péninsule Ibérique. Leur développement, ensuite, a été rapide bien que réalisé dans le cadre de systèmes politiques différents et dans un climat où l'animosité a souvent prévalu sur la volonté de coopération interbalkanique. Il s'est toutefois ralenti, voire arrêté, au cours des années 1980 qui débouchent sur une déstabilisation provoquée par la crise et la disparition des régimes communistes. Dans les années 1990, les guerres associées à la fragmentation de la Yougoslavie placent les Balkans au centre de l'attention mondiale. Au début du xxie siècle, c'est la perspective de l'intégration euro-atlantique qui leur offre une chance[...]

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Empire ottoman, recul dans les Balkans, XIX<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Empire ottoman, recul dans les Balkans, XIXe siècle

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