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BALKANS ou PÉNINSULE BALKANIQUE

Le contexte humain

La population des Balkans est d'une complexité nationale, linguistique et culturelle inusitée en Europe. Le peuplement de la région s'est en effet mis en place en vagues successives, dont aucune cependant n'a totalement submergé ce qui précédait ; en outre, les influences culturelles ont été multiples.

Diversité des peuples et des cultures

Si les invasions slaves des vie et viie siècles ont affecté toute la péninsule, et même les îles, trois langues antérieurement parlées dans les Balkans ont subsisté : l' albanais, dont le vocabulaire comprend de nombreux mots d'origine latine, indice de l'ancienneté de la présence de ce peuple ; le valaque, langue latine proche du roumain dont l'usage est en régression ; enfin le grec. Celui-ci, langue d'une vieille civilisation écrite, de l'Église et de l'État byzantins, avait les meilleures possibilités de résistance. La puissance conférée au patriarcat grec d'Istanbul par le gouvernement ottoman donna même à l'hellénisme des possibilités de reconquête.

Trois empreintes culturelles fondamentales ont recouvert les Balkans : celle de Byzance et du christianisme orthodoxe pour les trois quarts de leur étendue ; celle de Rome et du catholicisme chez les Croates, les Slovènes et les Albanais du Nord ; enfin celle de l'islam, qui s'est superposée aux deux autres sans les détruire, l'Empire ottoman n'ayant pas eu de politique de conversion systématique. Les musulmans constituent aujourd'hui une série de groupes répartis de la Bosnie-Herzégovine et de l'Albanie à la Thrace turque en passant par le Sandjak, le Kosovo et le Rhodope. Il faut encore mentionner l'influence italienne, sensible dans l'architecture des villes de la Dalmatie, longtemps dominée par Venise, et l'influence germanique, considérable dans les régions ayant longtemps appartenu à l'Autriche-Hongrie : la Slovénie, la Croatie, la Voïvodine.

Les Slaves du Sud constituent dans la péninsule l'élément le plus nombreux : environ 28 millions (estimation 2004). Ce sont les Serbes (8,4 millions), les Croates (4,6), les Bosniaques (2,3) et les Monténégrins (0,4), qui utilisent tous, avec des variantes et sous quatre noms, la langue naguère appelée serbo-croate ; puis les Slovènes (1,7 million), les Bulgares (7 millions) et les Macédoniens (1,3 million), linguistiquement proches de ceux-ci. On compte par ailleurs 11 millions de Grecs, 8,5 millions de Turcs groupés de façon compacte en Thrace turque mais formant aussi une importante minorité en Bulgarie et quelques noyaux en Macédoine, enfin 6 millions d'Albanais, dont 40 p. 100 au Kosovo et en Macédoine occidentale. Parmi les groupes moins nombreux, des Hongrois, des Roumains, des Slovaques et des Ruthènes participent à la mosaïque humaine de la Voïvodine ; les Valaques, anciens pasteurs nomades, sont en voie d'assimilation, ce qui n'est pas le cas des Roms (Tsiganes). On trouve quelques noyaux tchèques en Slavonie et des restes de l'ancien peuplement italien d'Istrie. Mais la presque totalité des Allemands de la Bačka, descendants de colons implantés au xviiie siècle, ont fui en 1944-1945.

Dix nationalités principales, trois religions, trois alphabets (cyrillique, grec, latin) : la complexité balkanique a multiplié les phénomènes d'attraction, de multilinguisme, les fluctuations dans les identités collectives. Les Bulgares ont adopté une langue slave mais conservé (ou retrouvé) leur ethnonyme d'origine touranienne ; la tribu monténégrine des Kuči porte un nom albanais : certains Albanais du Kosovo, sous l'Empire ottoman, pratiquaient à la fois l'islam et le catholicisme, d'où leur nom de laramanë (« bariolés ») ; la Yougoslavie socialiste a inventé pour les Slaves islamisés, appelés Turcs au [...]

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Empire ottoman, recul dans les Balkans, XIX<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Empire ottoman, recul dans les Balkans, XIXe siècle

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