BALKANS ou PÉNINSULE BALKANIQUE
La fin des régimes communistes et les perspectives d'intégration européenne
L'effondrement du pouvoir communiste en Europe du Centre-Est à partir de la fin de 1989, débouchant sur une transition de régime le plus souvent pacifique, a été considéré en général comme une ouverture à la réunification de l'Europe, avec des perspectives de développement de la démocratie, de généralisation de l'économie de marché et d'intégration à une Union européenne élargie. Dans les Balkans, toutefois, il a d'abord produit une déstabilisation générale dont la Yougoslavie constitue l'épicentre.
Il a en effet libéré les nationalismes, dont la remontée en puissance était déjà sensible tout au long des années 1980, tant dans les revendications des Albanais du Kosovo que dans la manière dont les Serbes y ont réagi. Les élections de 1990 ont donné la victoire à l'opposition en Slovénie et en Croatie tandis que les communistes conservaient la Serbie et le Monténégro. Toute entente sur l'avenir de la fédération se révélant alors impossible, les deux premières ont fait unilatéralement sécession en 1991, et la révolte des Serbes de Croatie, appuyée par l'armée fédérale, a allumé la guerre civile. Prenant leurs distances vis-à-vis de ce conflit, Bosnie-Herzégovine et Macédoine ont proclamé à la fin de la même année leur indépendance. La Slovénie, la Croatie et la Bosnie ont obtenu leur reconnaissance internationale au début de 1992, la Macédoine un peu plus tard en raison de l'obstruction de la Grèce. Celle-ci s’opposera également pendant près de trente ans à l’utilisation par le pays du nom de Macédoine, au motif qu’il appartient également à son patrimoine, et ceci jusqu’à la signature, en juin 2018, de l’accord de Prespa, par lequel Athènes et Skopje s’entendent sur le nom de Macédoine du Nord, qui entrera en vigueur en février 2019.
Soutenus par Belgrade, les Serbes de Bosnie déclenchent à leur tour la guerre. L'année suivante, Bosniaques musulmans et Croates locaux, jusque-là alliés, s'affrontent à leur tour.
Les insurgés serbes détiennent alors deux États autoproclamés, en Croatie une République de Krajina, en Bosnie une République serbe, et les Croates de Bosnie ébauchent un État d'Herceg-Bosna. Les uns souhaitent leur rattachement à la Yougoslavie résiduelle qu'ont formée la Serbie et le Monténégro, les autres à la Croatie. Ni les tentatives de médiation de l'ONU et de la Communauté européenne, ni le déploiement en Croatie et en Bosnie d'une force d'interposition de l'ONU ne parviennent alors à faire cesser les combats et l'expulsion par chaque camp de ceux qui, appartenant à une autre ethnie, sont de ce fait considérés comme des ennemis. C'est en 1992 que l'expression « nettoyage ethnique », traduction du serbo-croate etničko čišćenje, se répand dans le monde entier.
En 1994 toutefois, la diplomatie américaine convainc Bosniaques et Croates de se réconcilier. L'armée croate reconquiert la Krajina durant l'été de 1995, ce qui provoque l'exode massif des Serbes locaux et affaiblit les positions des Serbes de Bosnie. Des bombardements de l'OTAN contraignent alors ces derniers à cesser les combats. En novembre, les accords de Dayton, conclus sous l'influence prépondérante des États-Unis, redéfinissent la Bosnie-Herzégovine comme un État divisé en deux entités, la République serbe et la Fédération de Bosnie-Herzégovine (croato-musulmane) ; ils placent le pays sous le contrôle de l'ONU et de l'OTAN.
Mais les violences reprennent dès mars 1998 au Kosovo. Majoritaires dans cette région privée d'autonomie en 1989, les Albanais, victimes de licenciements massifs et exclus de l'enseignement public, avaient créé des institutions parallèles et voté clandestinement pour[...]
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Écrit par
- Jean AUBOUIN : membre de l'Institut
- Michel ROUX : professeur émérite
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