YUCATÁN PÉNINSULE DU
La péninsule yucatèque, au sud-est du Mexique, entre le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes, forme une basse table calcaire récemment émergée, recouverte par la forêt dense dans sa partie centrale et méridionale, par des formations végétales xérophiles dans sa partie nord-ouest. Ce dernier secteur était pourtant densément peuplé à l'arrivée des Espagnols, comme en témoignent les ruines de Chichén Itzá et d'Uxmal. Au contraire, les monuments noyés dans la selva méridionale, présents aussi dans le Petén guatémaltèque, sont les témoins d'un peuplement entièrement disparu.
Les évangélisateurs eurent fort à faire pour encadrer le peuplement indigène maya qui fut regroupé en gros villages, parfois de force. L'économie locale est restée modeste : la production sucrière tentée au début du xixe siècle a entraîné, par la pression qu'elle exerçait sur la main-d'œuvre indigène, la grande révolte de la guerre des Castes (1847-1853). L'aristocratie de Mérida dut faire appel à l'armée fédérale mexicaine et accepter du même coup d'appartenir plus nettement à un Mexique dans lequel l'État de Yucatán reste très mal relié à l'ensemble national : les zones à peu près vides de l'Ouest (Campeche) et de l'Est (Quintana Roo) en ont été détachées pour former deux États. Dans l'un et l'autre, l'exploitation du bois, puis une agriculture encore pauvre, au Quintana Roo la récolte de la gomme à mâcher (chicle) ne peuvent nourrir qu'une population limitée dans sa croissance. La région centrale du Yucatán, autour de Mérida, dut sa prospérité, entre la fin du xixe siècle et les années 1920, à la monoculture du sisal (henequén), exporté principalement par le port de Progreso vers le marché nord-américain (liens pour moissonneuses-lieuses). La stagnation de cette culture, faute d'un marché prospère depuis les années 1930, a entraîné des difficultés sociales persistantes, malgré la réforme agraire intervenue sous la présidence de Lázaro Cárdenas, à la fin des années 1930 : les paysans sont, en effet, restés sous la coupe des usines de défibrage, jusqu'à leur nationalisation en 1964. La prospérité ne s'est pas rétablie pour autant et la région rurale du henequén vit grâce à l'assistance des organismes fédéraux. La recherche de terres libres dans la zone forestière ne débouche que sur une médiocre agriculture pour les paysans qui s'y livrent (maïs, canne à sucre, café, coton, tabac). La ville de Mérida, la plus importante du Mexique transisthmique (agglomération de près de 1 million d'hab. en 2007) et la capitale de l'État du Yucatán, garde des allures traditionnelles même si la grande prospérité du henequén l'a dotée de quelques édifices de prestige. Mérida accueille un surplus de main-d'œuvre venue des campagnes, la paysannerie maya yucatèque émigrant peu hors de la péninsule. Ainsi vivent des industries de biens de consommation assez variées, mais elles doivent peu compter sur la clientèle rurale en raison de son faible niveau de vie.
L'exploitation de gisements de gaz naturel est limitée à la région de Xicalango, celle du pétrole offshore au golfe de Campeche. Sur le littoral a été implanté le complexe touristique de Cancún. La restauration des sites archéologiques attire de plus en plus de touristes, qui contribuent pour une part prépondérante à l'économie de la péninsule du Yucatán.
Le Yucatán est la seule région mexicaine où un dialecte maya, compris par une partie notable de la population urbaine, soit parfois écrit, voire imprimé. Il en résulte une unité exceptionnelle entre la ville de Mérida et les villages indigènes.
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Écrit par
- Claude BATAILLON : géographe, directeur de recherche au C.N.R.S.
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