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PENTHÉSILÉE, Heinrich von Kleist Fiche de lecture

L'horreur et le sublime

À sa publication, la pièce se heurta à l'incompréhension des contemporains qui jugèrent qu'elle niait les convenances. Goethe, en particulier, la considérait comme un objet totalement étranger à lui-même : « Elle appartient à une race si fabuleuse et se meut dans une région si étrange qu'il me faut prendre mon temps pour m'accoutumer aux deux. » La première adaptation n'eut lieu qu'en 1876 à Berlin ; seuls quelques extraits avaient été montrés en 1811 sous forme de pantomime. La pièce, qui se joue des contraintes du théâtre, pose de réelles difficultés d'interprétation et d'exécution : nombreuses scènes de bataille, longs récits, univers onirique exprimé dans une syntaxe volontairement éclatée, où s'imbriquent l'horreur et le sublime. Et pourtant elle fascine. Kleist a dit de sa pièce : « J'y ai mis le plus profond de moi-même [...] à la fois toute la souffrance et la splendeur de mon âme. » Dans cette tragédie du couple, où la femme est conquérante et l'homme se laisse conquérir, tout devient monstrueusement fragile, tout est poussé à l'extrême et menace à chaque instant de basculer dans son contraire : l'amour en haine, la fête en sacrifice, le sublime en trivial... Avec Penthésilée, Kleist a écrit une des pièces les plus audacieuses et les plus troublantes de la littérature dramatique de son temps.

— Jean-Louis BESSON

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Écrit par

  • : professeur au département des arts du spectacle à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-la Défense, traducteur, dramaturge

Classification

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