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PÉPI II, pharaon de la VIe dynastie (2270-2180 av. J.-C.)

Le règne du pharaon Néferkare Pépi II marque la transition entre l'Ancien Empire et la première période intermédiaire. La première partie du règne de Pépi II se déroule dans une relative tranquillité. Le roi accomplit une expédition dans le Sinaï, et mène également une expédition dans le pays de Pount, que l'on identifie de façon incertaine à la Somalie actuelle. Mais la deuxième partie du règne est marquée par l'affaiblissement du pouvoir central, la montée des pouvoirs locaux et une véritable révolte paysanne contre les bureaucrates de l'administration centrale. Les causes de ce phénomène sont complexes : l'économie, fondée sur l'exploitation de domaines agricoles, s'est compliquée à l'extrême ; pour assurer le culte funéraire, les grands obtiennent des virements de domaines situés dans toute l'Égypte. Ce système, à la fois compliqué et extrêmement fragile, va se désintégrer en raison de la crise que connaît le pays à cette époque. Les impôts sont beaucoup trop lourds pour les paysans qui sont en plus astreints aux corvées, notamment à celles des constructions des grandes pyramides. D'autre part, le système des fondations royales et nobles alourdit l'économie en donnant une importance trop grande au secteur des prêtres funéraires, et à d'autres qui ne sont pas productifs. La crise interne est accentuée par l'insécurité sur les frontières. Celle-ci entrave gravement les échanges. Une succession de famines accentue la crise. En outre, certains temples vont essayer d'obtenir des chartes d'immunité pour les protéger contre le travail forcé ou les transgressions arbitraires des fonctionnaires. Cela a pour conséquence immédiate d'alourdir les charges portant sur les paysans. Profitant de la crise, les nomarques font sécession avec le pouvoir central : ils ne se feront plus enterrer à Memphis autour du roi par exemple, mais dans des métropoles provinciales. D'autre part, ils pratiquent une restructuration des domaines à leur profit et aux dépens des fondations royales. L'économie du pays est complètement bouleversée. Le roi n'a plus aucun pouvoir. Autant de phénomènes qui expliquent l'apparition de deux événements importants : les rezzous de nomades qui, profitant du désordre, envahissent le pays, et la révolte sociale. Cette révolte est connue par un papyrus publié en 1909 par sir Alan Gardiner sous le titre The Admonitions of an Egyptian Sage (papyrus Leyde 1344). Le texte rapporte une révolte sociale qui se serait produite en même temps qu'une invasion étrangère ; il a été écrit par un scribe, et tous les événements sont vus dans l'optique traditionnelle des bureaucrates égyptiens. « Il n'y a plus d'hommes d'autrefois [...] le serviteur vole ce qu'il trouve [...] les pauvres sont devenus possesseurs de richesses, celui qui autrefois ne pouvait se faire des sandales est maintenant possesseur de biens [...] les riches sont dans l'affliction et les pauvres dans la joie. » Cependant, la date du texte n'est pas absolument certaine : de bons arguments (Van Seters) font qu'il pourrait tout aussi bien se rapporter à la deuxième période intermédiaire.

— Yvan KOENIG

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle, chargé de recherche au C.N.R.S, professeur à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification

Autres références

  • ÉGYPTE ANTIQUE (Civilisation) - L'art

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    • 30 médias
    ...inédit éternisant le pharaon dans le geste de l'offrande, à genoux, les mains fermées sur deux vases globulaires. L'Ancien Empire voit aussi naître, sous Pepi II, la tradition des effigies de roi-enfant, selon deux codes opposés : pharaon miniaturisé assis sur les genoux de sa mère ou au contraire bambin...