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PERCEPTION TACTILE

Le toucher est l’ensemble des sensations produites par une déformation mécanique de la peau. Classiquement, on distingue deux formes de toucher. D’une part, le toucher somesthésique correspond à la stimulation de la surface de la peau : il permet, par exemple, de ressentir une caresse ou encore une piqûre, si la stimulation douloureuse est brève. Il est possible de mesurer l’acuité tactile d’une zone, soit la capacité à détecter une différence entre deux points de pression – la sensibilité tactile est, par exemple, fine au niveau des doigts et plus grossière en ce qui concerne le dos. D’autre part, le toucher actif mobilise les mains voire la bouche, et se manifeste pour examiner les objets. Dans ce cas, des mouvements volontaires sont nécessaires. Le toucher se couple alors avec la kinesthésie (sens du mouvement). Les déformations des muscles, tendons et articulations s’ajoutent à la perception cutanée. Ce duo – toucher actif et kinesthésie – constitue la modalité haptique. L’exploration d’un objet nécessite des mouvements séquentiels. Afin d’identifier les objets, les informations partielles recueillies en cours d’exploration sont stockées en mémoire de travail dans le but de réaliser une synthèse.

Le toucher a des ramifications avec les autres sens. Puisque les récepteurs de la peau couvrent la totalité de notre corps, le toucher est étroitement lié à la proprioception (sens de soi). La proprioception est la perception permanente de la position des différentes parties du corps et de leurs interrelations. Le toucher est ainsi associé au sens de la douleur et de la température. Il est aussi relié à la vision car les deux modalités appréhendent l’espace, même si elles le font différemment.

Le substrat anatomique et neuronal

En raison de l’implication du système moteur dans l’activité exploratoire de la main, les aires somesthésiques et motrices sont impliquées. Les aires somesthésiques traitent les afférencescutanées et proprioceptives (entrées sensorielles). Une manière d’illustrer les différences de sensibilité tactile consiste à mesurer l’importance de chaque partie du corps dans le cortex somesthésique. Les lèvres, la langue et les doigts y occupent une place prépondérante. Le codage neuronal d’un stimulus s’appuie sur la sensibilité des neurones à certaines propriétés (l’orientation, le mouvement, la direction). À côté des neurones unimodaux, il existe des neurones bimodaux visuo-tactiles, voire multisensoriels, qui répondent aux stimuli visuels, auditifs et tactiles.

Des cartes de représentation de la musculature ont été établies aussi dans l’aire motrice (cortex moteur). Les aires de la main et du visage sont très étendues tandis que celles du tronc, des membres et des pieds le sont beaucoup moins. La voie efférente (sortie motrice) est la voie pyramidale qui permet au cortex moteur d’atteindre la moelle épinière, laquelle assure la transmission de l’influx nerveux. Le cortex somesthésique (moteur) de chaque hémisphère reçoit (contrôle) les informations du côté controlatéral du corps.

Les neurones de l’aire motrice sont fortement liés aux entrées somesthésiques. L’exemple le plus crucial se situe dans la distinction entre soi et autrui. Comment sait-on qu’une caresse ou un coup provient de nous ou d’autrui ? Cette distinction est essentielle à la fois pour un concept de soi cohérent et une bonne interaction sociale. Des données en imagerie cérébrale ont montré qu’un mouvement actif du sujet peut réduire voire annuler la transmission d’afférences cutanées si le mouvement est orienté vers soi. Les régions du cerveau impliquées diffèrent selon que l’on se touche ou qu’on touche un objet. Cette différenciation est robuste et émerge très précocement chez l’être humain.

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Écrit par

  • : professeure émérite, université Paris-Descartes, membre senior de l'Institut universitaire de France

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