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PERCEPTION TACTILE

La perception tactile et ses relations avec la vision

L’exploration séquentielle du toucher s’oppose à celle plus globale de la vision. La discrimination de la forme est ainsi moins efficace en tactile qu’en visuel en termes de vitesse et de nombre d’erreurs. En revanche, la perception tactile de la texture est aussi efficace, voire plus, que la perception visuelle. Des données en neuro-imagerie ont révélé que le cortex occipital visuel est fonctionnellement impliqué dans des tâches tactiles exigeant des jugements spatiaux fins, comme la lecture du braille, chez les personnes non voyantes. Ces mêmes aires ne sont pas activées chez les voyants réalisant les mêmes tâches sans le contrôle de la vision. Ainsi, les zones du cerveau seraient plus dédiées à une tâche qu’à une modalité sensorielle.

La vision est généralement si prépondérante chez l’humain qu’il utilise peu sa perception tactile. Les aveugles, au contraire, sont contraints de souvent mettre en œuvre la modalité tactile. La question se pose alors de connaître les limites de la substitution sensorielle : le toucher n’apporte pas la même qualité d’informations que la vision. Cette interrogation se pose surtout dans le cas des sujets atteints de cécité congénitale (CC), chez lesquels on serait tenté de penser que l’imagerie mentale n’existe pas ou diffère de celle des sujets voyants. Des études ont pourtant montré que les sujets CC se comportent comme les voyants dans des tâches de rotation mentale où ils doivent juger de l’identité de figures renversées par la palpation. Ainsi, l’absence d’imagerie visuelle n’empêche pas la compréhension de concepts spatiaux chez ces personnes. La difficulté survient lorsqu’elles doivent suivre un trajet complexe ou se rappeler la localisation d’un stimulus.

À la fin des années 2000, la technologie s’intéresse au toucher et a construit des outils de mesure de précision de la texture des objets comme la « main augmentée », équipée de capteurs. De même, la localisation des objets, réalisée grâce au tâtonnement du bâton, a été rendue plus précise par une modification de sa matière. Les outils, une fois maîtrisés par le sujet atteint de CC, fonctionnent comme des extensions sensorielles du corps. Autrement dit, ils font partie intégrante du corps.

— Arlette STRERI

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Écrit par

  • : professeure émérite, université Paris-Descartes, membre senior de l'Institut universitaire de France

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