PERCEPTION
Attention et perception
Nos surfaces sensorielles ne sont pas homogènes : par exemple, dans la rétine de l’œil il y a une toute petite partie centrale, la fovéa, qui est bien plus sensible que la périphérie rétinienne. Quand nous voyons quelque chose à la périphérie de notre champ visuel, nous avons besoin de bouger nos yeux pour centrer l’image sur cette région à haute résolution et reconnaître l’objet correspondant. Une fonction primordiale de l’attention spatiale est justement celle de rendre possibles ces mouvements d’orientation vers les objets à la périphérie du champ visuel, afin de les identifier. L’attention joue donc un rôle important dans la perception consciente. Elle explore continuellement l’environnement, afin de lier les différents éléments des stimuli dans une perception cohérente et de supprimer les éléments non pertinents. Elle nous aide également à mieux percevoir les stimuli proches du seuil perceptif.
Cécité d’inattention
Encyclopædia Universalis France
Inversement, l’attention peut empêcher la perception consciente. Lorsque je focalise mon attention sur un élément de la scène visuelle, un autre élément, même s’il est saillant, peut totalement échapper à ma perception.
Dans le cerveau, l’attention est gérée par de vastes réseaux neuronaux qui vont de la région postérieure (pariétale) à la région antérieure (frontale). Ces mêmes réseaux semblent également être importants pour notre perception de l’écoulement du temps et de l’étendue de l’espace. Les réseaux de l’hémisphère droit – normalement celui qui ne s’occupe pas du langage – ont une importance particulière pour ces fonctions. Un dysfonctionnement de ces réseaux dans l’hémisphère droit, par exemple à la suite d’un accident vasculaire, provoque souvent une « négligence spatiale » : les patients négligents ne sont plus conscients de l’information provenant de la partie gauche de l’espace. Ils n’explorent que les objets situés à leur droite ; leur perception reste donc limitée à ces objets. Ces patients se retrouvent à vivre dans un monde réduit de moitié, bien que leurs capacités perceptives au sens propre puissent être intactes : si on attire leur attention sur un objet situé à gauche, ils le perçoivent sans problème. Un autre trouble qui peut résulter du dysfonctionnement des réseaux cérébraux de l’attention est ce que l’on nomme l’extinction sensorielle : les patients avec extinction perçoivent normalement un objet isolé présenté à gauche ou à droite ; toutefois, si on leur présente deux objets simultanément, l’un à gauche et l’autre à droite, ils ne perçoivent que celui de droite. C’est comme si l’objet de droite entrait en compétition avec l’objet de gauche pour l’attention du patient, et gagnait systématiquement cette compétition, en « éteignant » la perception consciente de l’objet de gauche. La négligence et l’extinction sont encore des exemples impressionnants de l’importance cruciale des comportements d’exploration active dans la perception consciente.
La perception ne peut donc pas être isolée de l’action. Le sujet explore l’environnement en suivant ses buts et ses connaissances a priori ; ces actions provoquent des changements perceptifs, qui à leur tour engendrent de nouvelles actions d’exploration (cycle action-perception). Par conséquent, le but de la perception n’est pas seulement de reconnaître les événements extérieurs mais, avec l’attention, de nous rendre capables de sélectionner activement les informations qui nous aident à atteindre nos objectifs.
L’étude de ces relations complexes entre exploration active et expérience perceptive, ainsi que de leurs bases neurales, constitue un défi important dans la recherche future en neurosciences cognitives.
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Écrit par
- Paolo BARTOLOMEO : médecin neurologue, directeur de recherche à l'INSERM
Classification
Médias
Exemple de courbe psychométrique liée à une tâche de détection
Encyclopædia Universalis France
Triangle de Kanizsa
Encyclopædia Universalis France
Effet de la connaissance a priori sur la perception dans un contexte ambigu
D.R.
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