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PÉRICLÈS (env. 495-429 av. J.-C.)

L'œuvre intérieure

À l'intérieur de la cité, Périclès agit d'abord comme second d' Éphialte. Leur premier soin est de lutter contre la puissance exceptionnelle que l'ancien conseil aristocratique de l'Aréopage avait récupérée à la faveur des guerres médiques : après plusieurs procès intentés à des aréopagites qui déconsidèrent cette assemblée, Éphialte et Périclès lui font retirer « toutes ses fonctions surajoutées », dont héritent les rouages démocratiques, assemblée du peuple, conseil des cinq cents et tribunal populaire de l'héliée.

Une nouvelle démocratie

Encore fallait-il permettre à tous les citoyens, quelle que fût leur condition de fortune, d'accéder au maniement des affaires publiques. Après l'assassinat d'Éphialte, Périclès, devenu leader incontesté du parti démocratique qui a pris le pouvoir après l'ostracisme de Cimon, s'y emploie de toute son énergie. Dès 457 ou 456, les zeugites (citoyens de la troisième classe censitaire) ont accès à l'archontat, la vieille magistrature, peu à peu dépouillée de ses pouvoirs depuis la création des stratèges, mais qui conserve un incontestable prestige ; l'on sait d'autre part par Aristote que même les thètes (citoyens de la quatrième classe) sont admis à l'archontat. La pratique du tirage au sort pour la désignation des magistrats – religieuse dans son principe, mais qui sert les intérêts des démocrates – se répand largement en se substituant à l'élection.

Ces réformes auraient pu rester lettre morte si l'on n'avait pas procuré aux pauvres, candidats à des fonctions publiques, de quoi compenser la perte de leur salaire. L'institution la plus originale de Périclès, conseillé, dit-on, par Damon, est la création d'une rétribution (la misthophorie) pour les bouleutes (membres du conseil des cinq cents), les archontes, les magistrats secondaires, les héliastes (juges du tribunal de l'héliée). Réforme limitée du reste, puisque la participation aux séances de l'assemblée du peuple, devoir primordial du citoyen, n'entraîne aucun misthos (rétribution), et que les charges publiques les plus importantes, notamment la stratégie, restent de purs honneurs, et sont réservées ainsi aux citoyens aisés. Cette réforme s'avère néanmoins capitale, puisqu'elle permet à la cité d'Athènes de devenir dans les faits une démocratie, où une fraction importante du démos participe au maniement des affaires de l'État.

La condition de citoyen devient donc un métier rémunérateur pour beaucoup de petites gens qui touchent un misthos public, au reste modeste. De même les hoplites (fantassins) et les marins reçoivent un misthos, tandis que les cavaliers se voient attribuer une indemnité d'entretien pour leur cheval. Le service militaire, devoir par excellence du citoyen, est ainsi source de profits, et de profits non négligeables à une époque où se multiplient les opérations sur terre et sur mer.

D'autre part, Périclès favorise la fondation de nombreuses apoikiai, ces colonies militaires destinées à surveiller les villes de l'empire et où l'on installe des citoyens pauvres en les dotant d'un lot de terre (cléros), tout en leur conservant leurs droits à Athènes. Par cette attribution d'un domaine foncier, bon nombre de thètes accèdent à la classe des zeugites.

Une politique de grands travaux

Enfin Périclès multiplie les grands travaux à Athènes même et dans l'Attique, procurant aussi du travail non seulement à des artistes, mais à des artisans, à des ouvriers, à des manœuvres. Dans la biographie qu'il a écrite, Plutarque indique bien qu'il consacrait les ressources de l'État « à des ouvrages qui lui donneraient, une fois accomplis, un renom immortel, et, en s'accomplissant, un bien-être immédiat ; ranimant tous les arts et mettant[...]

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