PÉRIURBANISATION
Un espace aux usages multiples
Entre ville et campagne
La fonction résidentielle est capitale dans les secteurs périurbains, qui accueillent une population travaillant en ville et souhaitant vivre à la campagne. En Bretagne par exemple, selon l'I.N.S.E.E., de 1992 à 2003, la surface occupée par l'habitat individuel a augmenté de 32 p. 100 dans les couronnes périurbaines. L'habitat pavillonnaire domine, assez semblable en formes et styles selon les régions et les modes. La maison de constructeur standardisée révèle un rapport consumériste à l'habitat qui emprunte à des stéréotypes universalisés plutôt qu'à des spécificités régionales ou locales. Habiter dans une maison individuelle permet d'affirmer son appartenance sociale.
La part de l'agriculture reste dominante dans les secteurs périurbains. En France, la moitié environ des terres périurbaines sont consacrées à l'agriculture et à la forêt. Le rôle de l'agriculture périurbaine a, de longue date, consisté à satisfaire les besoins alimentaires de la ville voisine. Or l'évolution socio-économique récente a profondément transformé ces rapports traditionnels. L'agriculture périurbaine constitue une fonction prégnante mais fragile et parfois marginalisée. Les exploitations agricoles, généralement de petites structures, sont mal préparées pour affronter ce nouveau défi, car elles ne peuvent pas faire face à la pression foncière et spéculative, et finissent par disparaître. La fragilité de l'agriculture périurbaine se traduit par une déprise progressive des zones cultivées. Cette activité connaît, à quelques exceptions près, un mouvement de régression accentué par la plus-value née de l'urbanisation de la terre. Pourtant, l'agriculture périurbaine présente de vrais enjeux pour la ville et le territoire en termes d'attractivité, d'image, de biodiversité, de cadre de vie et d'économie.
Une emprise économique croissante
Depuis les années 1990 se développent dans les secteurs périurbains des zones commerciales emblématiques de la standardisation paysagère des entrées de villes. Aux États-Unis, dès les années 1950, la suburbanisation s'est accompagnée de la création de vastes centres commerciaux fondés sur l'accessibilité automobile.
La périurbanisation entraîne en outre le développement d'une large gamme d'activités économiques. Les changements de structure et le déplacement de l'activité économique contribuent dans une grande mesure à la croissance périurbaine. La mondialisation encourage les économies d'échelle aux stades de la production et de la distribution, phénomène qui, à son tour, encourage l'implantation d'installations de vaste dimension sur des terrains de grande superficie. Les zones périurbaines font ainsi l'objet d'une expansion industrielle. Elles comptent enfin des fonctions clés pour les zones urbaines : fonction récréative, approvisionnement en nourriture, zones écologiques tampons. Leur absorption dans l'économie urbaine donne lieu à une réadaptation complexe de leurs systèmes sociaux et écologiques.
Cette diversité des modes d'occupation du sol entraîne une forte pression pour l'espace et de fréquents conflits d'usage. Étant donné l'emplacement des zones périurbaines, généralement hors du territoire relevant de la compétence juridique et administrative des villes ou entre les territoires de deux villes, les autorités municipales n'ont pas grand pouvoir pour réglementer leur occupation.
Un espace structuré par la mobilité automobile
Dans les secteurs périurbains, les faibles densités, l'éloignement des équipements, des services et des emplois impliquent le recours quasi systématique à l'automobile. Les périurbains tendent à organiser leur espace de vie sous la forme d'un réseau automobile (Cailly,[...]
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Écrit par
- Estelle DUCOM : maître de conférences en géographie, aménagement de l'espace et urbanisme à l'université de Paris-IV-Sorbonne, agrégée de géographie
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