PERMIEN
C'est au xixe siècle que Roderick Murchison, en tournée dans la Russie impériale, introduit le terme Permien pour désigner un ensemble de terrains affleurant de la Volga à l'Oural et de la mer Blanche aux steppes d'Orenburg. Ce terme est issu de celui de l'ancien royaume finno-hongrois Permya et non de la ville de Perm. Le Permien représente le dernier système du Paléozoïque (ère primaire). Succédant au Carbonifère, il s'étend de — 299 millions d'années (Ma) à — 251 Ma, soit une durée de quelque 48 Ma. Il est désormais divisé en trois séries qui sont, de la plus ancienne à la plus récente : le Cisuralien (avec les étages Assélien, Sakmarien, Artinskien et Kungurien), le Guadalupien (étages Roadien, Wordien et Capitanien) et le Lopingien (étages Wuchiapingien et Changhsingien). L'existence de séries d'origine continentale d'un côté (notamment en Europe et en Amérique du Nord) et de séries d'origine marine de l'autre (notamment sur la plate-forme russe, dans le sud des États-Unis et de la Chine) est à l'origine des difficultés de corrélations entre elles. La tendance actuelle est de fonder l'échelle standard du Permien sur les conodontes, mais les corrélations sont établies aussi à partir des fusulines et des ammonoïdes pour les faciès marins. Les radiolaires, étudiés dans les faciès marins profonds (radiolarites, cherts, jaspes), mais présents aussi dans les faciès des plates-formes continentales s'avèrent de plus en plus précis pour les datations. En faciès continental, sont utilisés les tétrapodes, les insectes et les plantes (macrorestes et palynomorphes).
Au Permien, la quasi-totalité des masses continentales étaient réunies en un seul supercontinent, la Pangée, à la suite des phases tardives de l'orogenèse varisque : orogenèse ouralienne entre les masses continentales Siberia et Euramerica, orogenèses des Mauritanides et des Alleghanides (Appalaches) entre Euramerica et Gondwana. On distingue un important événement tectonomagmatique vers la limite Permien inférieur/moyen, c'est-à-dire vers — 275 à — 270 Ma (Thuringe, Alpes, Massif central, Provence, Corse, Sarre, Lorraine, Meseta marocaine), ayant entraîné la mise en place d'un cortège métallogénique original (uranium, filons à fluor-plomb-zinc). Quelques blocs continentaux ne faisaient pas encore partie de la Pangée : les blocs chinois et un ensemble de « terranes » (micro-continents) appelé Cimmeria (Turquie, Iran, Afghanistan, Tibet, Indochine, Malaysie). Ces terranes auraient commencé à se détacher des marges nord-gondwanes au Carbonifère supérieur-Permien inférieur pour dériver vers le nord et entrer au contact de la Sibérie au Trias (c'est à ce moment-là seulement que la Pangée aurait regroupé l'ensemble des continents). Ce mouvement a entraîné la fermeture de la Paléotéthys au nord de Cimmeria et l'ouverture de la Téthys au sud. L'existence d'une énorme masse continentale s'étendant du pôle Nord au pôle Sud a entraîné la formation de climats continentaux très contrastés en matière de températures et de pluviométrie (déserts, moussons).
Au Permien moyen, la vaste ceinture montagneuse du centre de la Pangée, en position équatoriale, a migré vers le nord sous des climats plus secs et le centre de l'Amérique du Nord et de l'Europe se sont transformés en déserts, en relation avec le dépôt des Nouveaux Grès rouges et la formation de vastes zones à évaporites. Parallèlement, dans les eaux marines chaudes se sont développés de nombreux récifs à rugueux, tabulés, bryozoaires, vers, brachiopodes, fusulines, etc. Au cours du Permien, le niveau marin global a continué de baisser jusqu'à atteindre un niveau proche de l'actuel. La superglaciation gondwane a atteint son paroxysme au cours du Permien inférieur[...]
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Écrit par
- Alain BLIECK : docteur ès sciences (doctorat d'État), agrégé de l'Université, directeur de recherche au C.N.R.S.
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