PERMISSIVITÉ
Inspiré par la vogue de la parental permissiveness aux États-Unis, le néologisme « permissivité » caractérise une attitude parentale qui tolère et encourage une grande liberté dans l'activité et le comportement de l'enfant, ainsi que dans le choix de ses valeurs. La thèse fondamentale en la matière est que l'enfant a plus de chance de s'épanouir lorsque l'approche expérimentale du monde est laissée à son initiative que dans la tradition de l'enseignement autoritaire.
Parmi les premiers, Sigmund Freud, attirant l'attention sur les besoins instinctifs de l'enfant, avait frayé la voie à une éducation moins directive, jusqu'alors défendue seulement par la pédagogie libertaire. Alfred Adler avait abordé le sujet dans The Education of Children. Un de ses disciples, Rudolf Dreikurs, tranche en faveur d'une éducation ouverte dans son ouvrage Children. The Challenge, paru en français sous le titre Le Défi de l'enfant. Selon lui, « pour aider nos enfants, nous devons nous écarter de la méthode désuète de l'autocratie ». Il convient de lui substituer « un nouvel ordre fondé sur le principe de liberté et de responsabilité. Nos enfants, précise-t-il, ne peuvent être plus longtemps contraints à l'acquiescement ; ils doivent être stimulés et encouragés dans le choix volontaire de prendre part au maintien de l'ordre ». Ce qu'il nomme le défi consiste à combiner, dans le système d'apprentissage, la liberté et la responsabilité. Dreikurs insiste sur la nécessité d'éviter le laxisme : « La pratique populaire qui consiste à laisser l'enfant bénéficier d'une liberté sans réserve a fait des enfants des tyrans et des parents des esclaves [...]. Des restrictions bien définies apportent dans la structure sociale un sens de sécurité et une fonction bien déterminée. »
Il s'agit, en somme, de convaincre l'enfant de réprimer lui-même les libertés dont il incline à faire usage. Les enfants sont donc encouragés à expérimenter les conséquences de leur comportement. Le fait, estime Dreikurs, que celles-ci entraînent une sanction naturelle, ou du moins logique, n'implique ni jugement ni reproche et diffère de la punition. Seule la responsabilité de l'enfant dans l'ordre social est engagée, et il n'a que le recours de s'en prendre à lui si son option débouche sur un résultat désastreux. Or, si les parents évitent ainsi cette attitude autoritaire qui a toujours suscité une réaction de révolte, il semble que l'enfant risque de s'engager dans une culpabilité d'autant plus grande qu'elle se trouve intériorisée sous sa seule responsabilité. Il y a loin, en effet, de l'expérience naturelle du feu — où une légère brûlure enseigne, mieux que l'interdit, à se méfier du danger — au respect du code social, où la sanction varie selon les conventions et l'habileté à les tourner.
Dans Movement in Psychotherapy : Psychomotor Techniques and Training, Albert Pesso étudie l'incidence émotionnelle, sur l'enfant, du permissif et du restrictif. Il propose que les parents interviennent lorsque l'enfant agit dans un sens destructif pour lui et pour les autres. C'est aussi l'avis de Haim Ginott : « En mettant un terme à une conduite dangereuse, l'attitude restrictive contient aussi un message implicite : tu ne dois pas avoir peur de tes impulsions. Je ne te laisserai pas aller trop loin. Ta sécurité est garantie. » Tandis que la « sur-permissivité » fait l'objet d'une réprobation générale, Diane Baumrind entend clarifier les choses en établissant une typologie du contrôle parental. Elle distingue un contrôle fort ou autoritaire, un contrôle faible ou permissif et une attitude revêtue d'autorité, c'est-à-dire alliant à un minimum de restrictions[...]
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Écrit par
- Raoul VANEIGEM : écrivain
Classification
Autres références
-
NON-DIRECTIVITÉ, éducation
- Écrit par Daniel HAMELINE
- 943 mots
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