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PÉROTIN (XIIe-XIIIe s.)

Pérotin est un compositeur français du Moyen Âge dont le nom reste attaché à l'essor de la polyphonie et de l'école parisienne dite école de Notre-Dame. C'est, en effet, alors que s'édifiait la cathédrale et que l'Université de Paris rayonnait dans tout le monde occidental, que les musiciens parisiens firent de leur cité un foyer artistique de renom international. La plupart de ces musiciens restèrent anonymes : seuls les noms de Maître Albert de Léonin et de Pérotin furent transmis à la postérité, quoique les découvertes musicologiques les concernant soient relativement récentes.

Les sources

En 1864, le musicologue Edmond de Coussemaker mit au jour un certain nombre d'écrits théoriques du xiiie siècle, publiés sous le titre : Scriptorum de musica medii aevi. Parmi ces documents, un traité anonyme, dit Anonyme IV, révèle l'existence de Maître Léonin, « organiste » (c'est-à-dire compositeur d'organum), auteur d'un Grand Livre pour le Graduel et l'Antiphonaire, et de Pérotin-le-Grand, salué comme optimus discantor, qui remania le livre de Léonin et l'enrichit d'œuvres personnelles d'une technique plus évoluée. Le nom de Pérotin apparaît encore dans le traité de Jean de Garlande, professeur à l'Université de Paris, qu'on date généralement de 1240-1250. Jean de Garlande précise qu'on trouve les grands organa quadruples (à quatre voix) de Pérotin en tête du Grand Livre de Notre-Dame (Magnus Liber).

En 1898, Wilhelm Meyer reconnut le Magnus Liber dans un manuscrit conservé à Florence (Biblioteca Medicea Laurenziana), dont le contenu répond à la description de Jean de Garlande et de l'Anonyme IV. Les œuvres de l'école de Notre-Dame furent également reconnues dans un manuscrit de Madrid (Biblioteca Nacional) et dans deux manuscrits de Wolfenbüttel en Allemagne, l'un d'origine française, l'autre provenant du monastère écossais de Saint-Andrew. En France, en 1948, Yvonne Rokseth publiait et commentait le manuscrit H. 196 de la faculté de médecine de Montpellier (xiiie siècle) contenant organa, conduits et motets. Plus récemment, le musicologue espagnol Higinio Anglès exhumait à Las Huelgas un manuscrit du xive siècle dont le contenu, d'un siècle antérieur, est consacré à l'école française.

Telles sont les principales sources dont nous disposons. Ces divers manuscrits se recoupent, et la majorité des œuvres qu'ils renferment sont anonymes. Seuls les textes de l'Anonyme IV et de Jean de Garlande permettent d'identifier avec certitude sept compositions de Pérotin. Il s'agit de quatre organa – Viderunt omnes, organum quadruple pour le temps de Noël ; Sederunt principes, organum quadruple pour la fête de saint Étienne ; Alleluia posui, organum triple ; Alleluia Nativitas, organum triple pour la nativité de la Vierge – et de trois « conduits » – Beata viscera, à une voix ; Salvatoris hodie et Dum sigillum patris à deux voix.

L'Anonyme IV parle encore d'un conduit, Justitia, qui n'a pas été retrouvé. D'autre part, la clausule à quatre voix, Mors, qui suit le Sederunt principes dans les manuscrits, est selon toute vraisemblance l'œuvre de Pérotin. Enfin, les deux conduits pour le sacre de Louis VIII (Beata nobis gaudia) et de Louis IX (Gaude felix Francia, figurant dans le manuscrit latin 15139 de la Bibliothèque nationale, à Paris) ont été attribués à Pérotin par Leo Schrade (hypothèse plausible, mais non confirmée).

Le bilan peut paraître maigre : une dizaine d'œuvres, dont sept authentifiées. Mais ces quelques œuvres suffisent à mesurer l'importance de Pérotin dans l'histoire de la musique : elles constituent les premiers monuments de la musique française.

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