PÉROU DES INCAS (C. Cavatrunci, M. Longhena, G. Orefici)

Le Pérou précolombien représente, pour le public européen, un sujet lointain et mystérieux, non seulement par les milliers de kilomètres qui nous en séparent, mais surtout du fait de l'ancienneté de son histoire. En effet, l'histoire préhispanique du Pérou, en tant qu'entité culturelle unifiée, date d'environ un millénaire avant J.-C., et se poursuit jusqu'à la venue des Espagnols en 1532. Cette longévité se nourrit des apports matériels et idéologiques des multiples centres de pouvoir surgis au long de son histoire.

Publié originalement en Italie, Pérou des Incas (Larousse, Paris, 2005), qui a fait l'objet d'une traduction soignée, parcourt l'histoire précolombienne du seul Pérou – et non de l'aire andine – à travers une géographie contrastée, où se côtoient déserts, cordillères et étroites vallées côtières. Les auteurs, Claudio Cavatrunci, Maria Longhena et Giuseppe Orefici ont une longue expérience du terrain péruvien, où ils poursuivent actuellement leurs recherches. Ils s'attachent à exposer, de façon ordonnée, l'information nécessaire à une meilleure compréhension de la culture inca, sans jamais oublier que sa richesse et sa diversité ont produit des manifestations symboliques dont la signification peut échapper à l'œil moderne.

Le livre est divisé en trois sections : « Histoire », « Civilisation » et « Itinéraires ». La première remonte jusqu'à 3000 avant J.-C., date d'apparition des premiers monuments. Ces manifestations, situées principalement sur la côte, sont liées à une exploitation accrue du milieu naturel : la population maîtrise l'agriculture, pratique la pêche et l'élevage. À partir de 900 avant J.-C., l'archéologie du Pérou s'articule en trois Horizons, pendant lesquels la région se voit unifiée autour d'une entité politique ou religieuse majeure, et deux Périodes intermédiaires qui, au contraire, reflètent le fractionnement du territoire en de nombreux centres de pouvoir.

L'Horizon ancien voit éclore un mouvement religieux qui trouve son expression dans le site de Chavín de Huántar, dont la position stratégique, à la croisée de plusieurs axes de communication, n'est pas étrangère à son rayonnement. De nouvelles manifestations culturelles apparaissent pendant la première Période intermédiaire (vers 200-600), mais elles diffèrent d'une région à l'autre. Pas moins de neuf cultures, chacune avec ses propres sites, son idéologie et son artisanat, ont été identifiées pour cette période.

Cette diversité s'estompe vers 600. L'Horizon moyen (600-1000) est alors témoin de l'émergence des premiers empires, Huari et Tiahuanaco (en Bolivie), qui se partagent le pays, respectivement, au nord et au sud. Leur suprématie s'explique par une expansion religieuse appuyée par une armée bien organisée. Bien que colonisateurs, ces deux empires diffèrent quant à l'organisation politique, l'exploitation du milieu, ou l'implantation géographique. L'empire Huari s'effondre entre 800 et 900, tandis que Tiahuanaco décline durant environ quatre cents ans. Débute alors la seconde Période intermédiaire et la nouvelle partition du territoire : au nord, les cultures Chimú et Sicán et, au sud, Ica-Chincha. Ce nouveau bouleversement entraîne une régression économique et culturelle de la partie côtière méridionale du Pérou. Sur le haut plateau se multiplient les sites fortifiés.

L'Horizon récent est défini par la croissance du pouvoir inca qui, de 1450 à 1532, domine non seulement le Pérou, mais aussi une partie de l'Équateur, la Colombie, la Bolivie et le nord du Chili. Il est curieux de constater que la civilisation péruvienne la plus connue ne représente, en fait, qu'une infime partie de l'histoire préhispanique. Ayant élaboré une organisation[...]