PÉROUSE
Bâtie sur un éperon rocheux dominant la vallée du Tibre, Pérouse contrôle une voie de communication, longtemps essentielle, notamment sur le plan stratégique, à travers les vallées de l'Italie centrale. Les Étrusques sont les premiers à en faire un centre important. Des portes monumentales et les vestiges d'une muraille témoignent de cette prospérité.
Détruite en ~ 41 lors de la guerre de Pérouse, épisode de la lutte entre Antoine et Octave, puis rebâtie par Auguste sous le nom d'Augusta Perusia, la ville tient encore, au Haut-Empire, dans le triangle allongé de ses murs étrusques. Au ve siècle, des églises s'élèvent au-delà des murs (situées, selon l'usage du temps, sur l'emplacement de cimetières chrétiens), dont Sant'Angelo qui subsiste encore aujourd'hui. Détruite par le chef ostrogoth Totila, au milieu du vie siècle, Pérouse végète obscurément jusqu'aux xe et xie siècle où, érigée en commune, elle profite des avantages de sa position pour dominer, au prix de guerres contre Assise et Foligno, un vaste territoire, tout en reconnaissant la souveraineté, le plus souvent lointaine, parfois plus effective (ainsi sous Innocent III), de la papauté (dont l'État englobe l'Ombrie). Ville guelfe, Pérouse dirige la lutte de toute la région contre Frédéric II de Hohenstaufen ; comme son alliée Florence, elle se donne des institutions favorisant la bourgeoisie, dont un Conseil des prieurs est l'émanation. Une nouvelle ceinture de murailles, nécessitée par l'essor démographique, donne à la ville, au début du xive siècle, ce plan en étoile que l'extension contemporaine ne fait que dilater, l'habitat se dispersant le long des crêtes rocheuses. Alors sont édifiés le palais des Prieurs, la cathédrale, et de nombreuses églises, ainsi qu'une série de maisons (encore conservées). Très liée à la Toscane, Pérouse fait ériger une fontaine par Nicolà et Giovanni Pisano, aidés d'un autre Toscan, Arnolfo di Cambio, à la fin du xiiie siècle. Pérouse témoigne de la même ouverture aux influences extérieures pendant la Renaissance : Agostino di Duccio vient y bâtir la chapelle de San Bernardino, qui reflète l'influence de Léon-Baptiste Alberti. Après 1450, se dégagera peu à peu une école locale de peinture.
Mais déjà commence la décadence politique : dès 1353, le cardinal Albornoz, chargé par les papes de reconstituer l'État pontifical, avait entrepris de combattre les autonomies locales. Tandis que, dans la ville, des luttes civiles opposent les nobles et les plus riches bourgeois au popolo minuto, à l'extérieur, c'est la guerre presque constante ; contre les papes, Pérouse doit accepter des alliances qui l'assujettissent à des tyrans laïcs : Gian-Galeazzo Visconti, puis le roi Ladislas de Naples. Une seigneurie locale se forme enfin, avec Braccio di Montone, un aventurier ombrien ; mais il est battu et tué à l'Aquilá par les forces conjuguées du pape et du roi de Naples (1424). Une oligarchie nobiliaire maintient une relative indépendance au cours de la période suivante, mais non la paix : deux familles, les Oddi et les Baglioni, se disputent le pouvoir avec une véritable férocité. Jules II, Léon X, puis enfin Paul III en finissent avec l'autonomie de Pérouse : en 1540, les troupes pontificales s'emparent de la ville.
Un lent déclin économique et démographique s'amorce, qui se poursuit jusqu'au xixe siècle. Bien que capitale de l'Ombrie, Pérouse n'est, avant la Seconde Guerre mondiale, qu'un gros marché rural et un centre artisanal, doté, il est vrai, d'une université. Depuis 1945, une industrie moderne et diversifiée (habillement, produits pharmaceutiques, alimentation) a changé la dimension de ses activités. Pérouse, avec 163 287 habitants en 2008, est notamment l'un des pôles de l'industrie[...]
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Écrit par
- Gérard RIPPE : agrégé de l'Université
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