PERSE Langues et littératures
Le vieux perse constitue avec l'avestique l'iranien ancien du groupe indo-iranien, principal représentant de l'indo-européen en Asie.
Ancêtre du pehlevi (moyen perse) et du persan (iranien moderne), il est attesté par les inscriptions des anciens rois perses de la dynastie achéménide, éparpillées à travers leur empire : à Bīsutūn (dans la partie occidentale de l'Iran, en Médie), à Persépolis (dans le sud-ouest de l'Iran), à Suez (en Égypte), etc. La quasi-totalité de ces inscriptions émanent de Darius (521-486 av. J.-C.), dont la plus importante est celle de Bīsutūn, et de son successeur Xerxès (486-465 av. J.-C.).
Les inscriptions vieux-perses sont en général accompagnées de deux autres versions, akkadienne et élamite.
Ces monuments épigraphiques sont importants du point de vue historique et linguistique, mais dénués de caractère littéraire. En effet, ils contiennent presque exclusivement proclamations et titres royaux, récits de conquêtes et de châtiments infligés aux adversaires, inventaire des pays constituant le royaume, ainsi que des formules répétées et quelques courtes recommandations. Par conséquent, on ne donnera ici qu'un aperçu du système linguistique du vieux perse.
Le pehlevi (pahlavīk) désigne le parthe, langue du Nord (par opposition au parsīk, langue de la Perside), mais l'usage a fait qu'on appelle ainsi la langue des écrits mazdéens qui est en réalité du moyen perse, tandis que pour les textes manichéens on distingue correctement le (moyen) parthe et le moyen perse.
De la littérature pehlevie, nous savons par les auteurs musulmans qu'une grande partie, encore connue d'eux, a aujourd'hui disparu : ils en ont parfois recueilli des morceaux, surtout de morale, en les traduisant en arabe ou en ont incorporé l'essentiel des traditions épiques dans d'immenses poèmes dont le plus riche et le plus justement célèbre est le Livre des rois (Šah Nāmeh) de Firdousi. Exception faite du Mémorial de Zarēr, récit poétique, en partie versifié, d'un épisode de la guerre de Vištasp, premier champion du zoroastrisme, contre les Khyonites, et de la geste d'Ardasǐr, fondateur de la dynastie sassanide, le peu qui nous reste de cette littérature a trait à la religion et à la morale, sans présenter aucune qualité littéraire. Ce n'en est pas moins d'un grand intérêt par ce que nous y apprenons de l'Iran avant son islamisation.
Par tout ce qu'il est, le persan est complice des enchantements dont notre imagination le pare. Aux oreilles d'un Occidental, la musique charmeuse de ses mots le fait croire facile : il ne l'est pas plus que l'amour, passé les commencements. Nombre de ces mots ont été polis par plus de dix siècles d'histoire. À travers les traductions, qui ne s'est laissé prendre au désabusement des quatrains d'Omar Khayyâm, qui n'a lu les poèmes de Hâfez un peu comme on lit le Cantique des cantiques, qui ne s'est détendu aux récits de bon sens de Sa'di ? La littérature persane est de celles qui, dans le monde occidental, ont provoqué un salutaire dépaysement, qui ont contribué depuis trois siècles à rompre le cercle d'une épaisse incuriosité. L'irruption des troupes arabes sur le plateau iranien, moins de dix ans après la mort de Mahomet, instaura une nouvelle ère pour la culture iranienne ; « persan » qualifiera désormais la langue principale de cette ère et son expression littéraire. Leur histoire est un très haut témoin de la faculté d'un peuple à se plier à son conquérant sans relâcher une solide fidélité à soi : souplesse et esprit de tradition, ce sont les deux premiers traits de la littérature persane. Ils seraient impossibles sans une intériorité, richesses intimes intensément cultivées ; de l'extérieur, la littérature persane paraît secrète, ce qui la rend attirante. C'est l'une des raisons de sa force[...]
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Écrit par
- Christophe BALAY : docteur ès lettres diplômé de langues orientales
- Charles-Henri de FOUCHÉCOUR : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales
- Jean de MENASCE : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
- Mohammad Djafar MOÏNFAR : docteur ès lettres, attaché de recherche au C.N.R.S., chargé d'enseignement au centre de linguistique quantitative de l'université de Paris-VI
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Médias