PERSE Langues et littératures
Le moyen perse ou pehlevi
L'écriture
L'écriture du moyen perse, ou pehlevi, comporte un type calligraphique avec deux alphabets, selon qu'il s'agit du parthe ou du moyen perse, dont les lettres sont presque toutes distinctes et individualisées. Il a été employé pour les inscriptions rupestres officielles, les monnaies, des intailles, les dipinti de la synagogue de Doura-Europos, la traduction pehlevie du psautier découverte au Turkestan chinois. On a d'autre part un type cursif d'écriture où plusieurs lettres sont confondues et où les ligatures ambiguës sont nombreuses : c'est celui qu'on trouve dans les livres mazdéens, des inscriptions rupestres privées, des intailles et, à un degré extrême de simplification, dans les papyrus et les ostraca. Ces deux types dérivent de plusieurs écritures araméennes en usage dès l'époque achéménide dans les chancelleries : outre la graphie, furent empruntés des mots araméens, désormais utilisés comme idéogrammes, munis en cas de besoin de « compléments phonétiques ». L'idéographie est utilisée par toutes les écritures moyen-iraniennes, à l'exception de celle inventée par Mani, qui adapte l'écriture estranghelo du syriaque à la phonétique iranienne. Les linguistes modernes la suppriment également dans leur transcription qui tend soit à reproduire le graphisme (H. S. Nyberg), soit à rendre le phonétisme reconstruit surtout d'après les documents manichéens (W. Henning, D. N. MacKensie).
Les inscriptions rupestres des premiers Sassanides, bilingues (parthe et pehlevi) ou trilingues (les deux langues précédentes plus le grec), sont d'un grand intérêt historique, de même que celles de Kartēr, « ministre des cultes » de Shahpur II et d'Hormizd, riches en détails sur la centralisation religieuse qu'il opéra.
Chronologie et œuvres
La chronologie, même relative, des œuvres est le plus souvent impossible à établir et sans véritable intérêt, la plupart des livres étant postérieurs à la pénétration islamique. On peut cependant citer en premier la traduction pehlevie du Yasna, du Vidēvdāt et du Nirangistān avestiques, qui, représentant une tradition exégétique autorisée, a fixé les sens et la résonance des termes qui vont se retrouver partout. Le même intérêt s'attache au livre IX du Dēnkart (dit « des mille chapitres ») qui traduit, résume ou glose d'anciens commentaires (perdus) des Gāthās. Le livre VIII du même ouvrage renseigne sur l'organisation et le contenu de toutes les parties du corpus avestique dont n'a été conservé qu'une infime partie. Le livre VII est une légende de Zarathustra, replacée dans son contexte d'historiosophie cosmique et qui contient de nombreux passages littéralement traduits de poèmes avestiques perdus. Un bref résumé de cette vie se retrouve au livre V, à titre de justification historique insérée dans une défense de la religion adressée à un « païen », suivie d'une série de réponses aux objections d'un chrétien. Le livre VI est un vaste ensemble de sentences à caractère moral et psychologique transmises par les Anciens. C'est là la forme propre à l'Iran du genre sapiential richement représenté dans l'Orient ancien. En pehlevi même, s'y rattachent les petits écrits dénommés andarz, « conseils » ou « testaments » attribués à un roi ou à un sage : andarz de Vuzurg Mihr, d'Aturpat i Mahraspandān, d'Ošnār, de Zartušt, d'Ardašīr, de Husrow, dont certains seront versifiés en persan par Firdousi, ou traduits en prose arabe par Miskawayih et d'autres encore. Ce genre restera vivant dans la poésie persane classique. Les livres III et IV du Dēnkart (les livres I et II sont perdus) ont un caractère plus original. En de courts chapitres, ils exposent d'une manière systématique des questions[...]
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Écrit par
- Christophe BALAY : docteur ès lettres diplômé de langues orientales
- Charles-Henri de FOUCHÉCOUR : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales
- Jean de MENASCE : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
- Mohammad Djafar MOÏNFAR : docteur ès lettres, attaché de recherche au C.N.R.S., chargé d'enseignement au centre de linguistique quantitative de l'université de Paris-VI
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Médias