PERSÉPOLIS
Site de la Perse achéménide fouillé depuis 1931 par des archéologues allemands, américains, italiens et iraniens. Depuis les années 1980, les travaux archéologiques se limitent à la protection et à la conservation du site. La construction de Persépolis, œuvre de Darius, puis de Xerxès, commença vers ~ 516. En dehors du palais en cours d'exploration, les édifices s'élèvent sur une terrasse artificielle de 450 mètres sur 300 mètres entourée d'un rempart. On y accède par un double escalier de deux volées. Ayant traversé la porte de Xerxès, on trouve à droite l'Apadana, ou salle d'audience de Darius, et le Tripylon, par lequel on pénétrait au sud dans les quartiers résidentiels, et, en face, une seconde porte donnant accès au palais aux Cent Colonnes, œuvre de Xerxès. Les quartiers sud comprenaient les palais de Darius, de Xerxès et d'Artaxerxès II, la Trésorerie abritant les archives et un ensemble de pièces appelées à tort le « Harem ». Sauf le Harem et la Trésorerie, les édifices sont constitués d'une salle hypostyle flanquée parfois de pièces secondaires ; ils sont souvent édifiés sur une terrasse particulière précédée d'un double escalier. Ces salles, aux plafonds portés par plusieurs rangées de colonnes, sont presque toutes carrées, contrairement à celles de Pasargades, et précédées ou entourées de portiques. Les côtés d'une cour sont rarement bordés de portiques. Les colonnes, souvent en pierre, comportent une base campaniforme, un haut fût cannelé, un chapiteau composite, une imposte à double protomé. Les encadrements des portes, des fenêtres et des niches, couronnés d'une gorge égyptienne, et les murs de soutènement des terrasses et des escaliers étaient aussi en pierre ; les murs étaient en brique crue. La salle hypostyle est d'origine iranienne, mais les éléments de la colonne, sauf l'imposte, sont des formes ioniques remodelées, de même que les astragales et les denticules. La gorge égyptienne vient évidemment de la vallée du Nil.
Le décor présente le même aspect composite. Les reliefs de briques émaillées, beaucoup plus rares qu'à Suse, sont d'origine babylonienne. Quant au décor sculpté des escaliers, des portes et des fenêtres, il évoque l'Assyrie, malgré l'absence des orthostates si caractéristiques de l'art assyrien. Il représente des scènes de la cour (présentation du tribut par les peuples soumis, défilés de gardes ou de dignitaires, préparatifs de banquets, figuration du roi sur son trône) ou sont de caractère symbolique : combats d'un héros contre un monstre, du lion contre le taureau, disque ailé parfois encadré de sphinx. Ces motifs, empruntés aux arts de Syrie et d'Assyrie, ont certainement perdu leur signification religieuse primitive, contraire à la doctrine zoroastrienne qui dominait alors dans l'Empire perse ; ils ne sont plus que prophylactiques, comme le sont les protomés de monstres ou d'animaux qui constituent les impostes des colonnes ou encore les taureaux qui protègent les portes de certains édifices. La composition des motifs et le style sont eux aussi purement traditionnels : superposition des registres, files de personnages dont les têtes sont à la même hauteur, même lorsque les pieds reposent sur des marches de niveaux différents, visages stéréotypés, goût des détails concrets.
Selon certains historiens, Persépolis abritait seulement les fêtes annuelles de remise du tribut. Mais les fouilles ont révélé au pied de la terrasse un site qui fut certainement habité de façon prolongée et a peut-être servi de capitale d'été. Sa construction, œuvre d'artisans venant de toutes les parties de l'Empire, fut un acte politique destiné à affirmer l'unité de l'État. Persépolis fut détruite en ~ 330 dans un incendie probablement accidentel, alors qu'Alexandre y séjournait et[...]
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Écrit par
- Jean DESHAYES : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
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Médias
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