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PERSONNALITÉ

La personnalité rend compte de ce qui caractérise les comportements usuels d’une personne, ce qui la distingue des autres et lui confère sa singularité. Le terme « personne » vient du latin persona, qui désigne le masque de l’acteur du théâtre antique au travers duquel (per) passe le son (sona) et correspond au terme grec du même sens, πρόσωπον. Selon cette définition, la personnalité correspond à la partie visible et audible du rôle joué par l’individu et c’est bien cette conception que Carl Gustav Jung (médecin psychiatre, 1875-1961) reprend avec son concept de persona, qui s’oppose au concept d’anima correspondant à l’âme, aux aspects latents ou inconscients. Par la suite, une modification du sens donné dans la littérature scientifique au terme « personnalité » se produit, qui rend alors compte du caractère singulier de chacun dans sa manière d’être habituelle. En psychologie, la personnalité est une construction théorique, à partir de comportements observés, de dispositions ou traits inférés, d’un mode de fonctionnement en situation, qui caractérisent un individu en particulier.

Les termes « caractère » et « personnalité » sont très proches. Si différentes recherches ont porté sur la description ou le développement du caractère au début du xxe siècle, avec notamment les travaux de l’école de Groningue, ou les premiers travaux du psychologue américain Gordon W. Allport (1897-1967), le « caractère » semble avoir quasiment disparu du vocabulaire de la psychologie scientifique au profit de la « personnalité », moins connotée moralement et moins associée à des jugements de valeur. Le « tempérament » rend quant à lui compte des aspects affectifs et émotionnels, précoces et biologiquement déterminés de la personnalité. On parle ainsi du tempérament du jeune enfant et, dans les années 1970, on se propose d’en distinguer trois types : les enfants faciles, les enfants lents à démarrer et les enfants difficiles. Ces types peuvent être décrits à l’aide de neuf caractéristiques tempéramentales, comme l’activité, la régularité, l’adaptabilité, etc. Au cours des années 1980, différents travaux suggèrent que le tempérament comprend trois aspects distincts, l’émotionnalité, l’activité et la sociabilité. Certains auteurs considèrent au début du xxie siècle que le tempérament serait le précurseur de la personnalité, qui se différencie et gagne en consistance au cours du développement.

À la suite des travaux d’ Allport, deux chercheurs ont particulièrement contribué au développement des théories scientifiques modernes de la personnalité : Raymond Cattell (1905-1998) a proposé une conception hiérarchique et dynamique relativement complexe de la personnalité ; Hans Eysenck (1916-1997) a développé une conception économique de la personnalité. L’idée que la personnalité aurait une influence importante sur le comportement des individus a été soutenue à la fois par les travaux de Cattell et ceux d’Eysenck, mais a été remise en cause de manière virulente par Walter Mischel (1930-2018) en 1968 dans son livre Personality and Assessment (Personnalité et évaluation), dans lequel ce dernier défend l’idée que le comportement des individus dépend de la situation. Cet ouvrage a été reçu comme un manifeste antipersonnologiste et a entraîné un désintérêt passager pour la notion de personnalité, remettant en cause l’ensemble des travaux menés par Allport et ses successeurs. Néanmoins, à partir des années 1990, on observe une recrudescence des travaux sur la personnalité et ses implications, avec notamment l’émergence de nouveaux modèles et la publication d’une littérature abondante.

Définitions et modèles de la personnalité

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Écrit par

  • : docteur en psychologie, professeur, université de Lausanne (Suisse)

Classification

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