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PERSONNALITÉ

Personnalité et santé

Dans les croyances populaires, il est courant de penser que certaines personnalités sont prédisposées à développer certains troubles somatiques ou mentaux. Les études scientifiques, dont plusieurs méta-analyses, ont démontré que la personnalité ne constitue pas un facteur de risque en soi pour la plupart des troubles somatiques, comme les tumeurs ; mais aussi que la personnalité augmente parfois l’expression de comportements qui constituent des facteurs de risque pour d’autres troubles – ainsi du lien entre le trait de recherche de sensations, le tabagisme et les troubles cardio-vasculaires. Concernant ces derniers, une association significative a été observée entre la tendance à l’hostilité et l’occurrence de maladies coronariennes et la mortalité. Les liens entre la personnalité et certaines maladies mentales, comme la dépression, sont les plus manifestes. Ainsi, un individu ayant de la difficulté à gérer ses émotions, plutôt introverti, avec une confiance en soi limitée, vivra avec un risque accru de survenance d’une dépression majeure. De plus, la même configuration de la personnalité aura une incidence sur la réponse au traitement pharmacologique et psychothérapeutique de cette dépression.

Dès le début du xxe siècle, des psychiatres, comme Emil Kraepelin (1856-1926) ou Kurt Schneider (1897-1967), ont décrit différents troubles de la personnalité. La cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5, 2014) de l’Association américaine de psychiatrie et la dixième édition de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes (CIM-10, 2008) de l’Organisation mondiale de la santé suggèrent toutes deux de considérer dix troubles de la personnalité, qui se manifestent par des déviations importantes et durables des perceptions, des pensées, des émotions et du mode relationnel à autrui, par rapport à ce qui constitue la norme dans l’environnement culturel de l’individu. Ils sont donc par définition stables et devraient avoir une incidence sur différents domaines de la vie et du fonctionnement psychique de l’individu. Ces troubles peuvent induire une souffrance subjective importante, diminuer de manière significative le bien-être de l’individu et altèrent souvent son fonctionnement social. Globalement, la prévalence de ces troubles dans la population générale est de l’ordre de 10 p. 100 dans les pays occidentaux (la gravité peut être variable), mais elle semble varier de manière considérable en fonction du contexte culturel.

Le DSM-5 suggère que ces dix troubles peuvent être classés en trois clusters. Le cluster A inclut les troubles de la personnalité paranoïaque, schizoïde, et schizotypique qui se manifestent tous par des comportements bizarres ou excentriques. Le cluster B regroupe les troubles de la personnalité histrionique, narcissique, antisociale et borderline dont une des manifestations communes est une expression émotionnelle et comportementale dramatique ou instable. Le cluster C est caractérisé par l’anxiété et des attitudes et sentiments de crainte ; il inclut les troubles de la personnalité évitante, dépendante et obsessionnelle-compulsive. En fait, peu de personnes présentent ces troubles tels que décrits dans ces classifications et les comorbidités (cooccurrences) sont très fréquentes. De plus, la distinction entre le normal et le pathologique peut parfois sembler arbitraire. Pour cette raison, différents chercheurs suggèrent qu’un système dimensionnel, inspiré des modèles de la personnalité normale, pourrait constituer un complément utile ou une alternative pour décrire ces troubles avec plus d’acuité et de validité scientifique, comme suggéré par le DSM-5 dans une section supplémentaire. Il n’est donc pas impossible que la prochaine Classification statistique internationale[...]

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Écrit par

  • : docteur en psychologie, professeur, université de Lausanne (Suisse)

Classification

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