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MOUCHARRAF PERVEZ (1943-2023)

La famille de Pervez Moucharraf, président de la République du Pakistan de 2001 à 2008, quitte New Delhi, où celui-ci est né le 11 août 1943, pour Karachi en 1947, lors de la partition de l'Inde et de la création du Pakistan. Fils de diplomate, Moucharraf vit en Turquie de 1949 à 1956. Il entre dans l'armée pakistanaise en 1964, à sa sortie de l'École supérieure de guerre de Quetta (Béloutchistan), et poursuit sa formation au Royal College of Defense Studies de Londres. Il occupe divers postes dans l'artillerie, l'infanterie et les commandos ; il enseigne également à l'École supérieure de guerre de Quetta ainsi qu'à l'École nationale de défense. Il participe activement aux guerres indo-pakistanaises au Cachemire, en 1965 et en 1971. Le 7 octobre 1998, le Premier ministre Nawaz Sharif le nomme chef d'état-major des forces armées. Le général Moucharraf joue ainsi un rôle clé dans l'invasion de la province indienne de Jammu-et-Cachemire durant l'été de 1999. Cependant, Sharif doit ordonner, sous la pression internationale, le retrait des troupes pakistanaises, au grand mécontentement des militaires.

Le 12 octobre 1999, alors que Moucharraf se trouve à l'étranger, Sharif le démet de ses fonctions et tente d'empêcher son avion d'atterrir à Karachi. Les forces armées prennent alors le contrôle de l'aéroport ainsi que d'autres bâtiments publics et déposent Sharif, laissant la voie libre à Moucharraf, qui instaure un pouvoir militaire. Le nouveau dirigeant suspend la Constitution et dissout le Parlement, tout en conservant un discours modéré et en évoquant un éventuel retour des civils au pouvoir (il maintient en place le président Rafiq Tarar). Pour assurer l'intérim, il nomme un Conseil de sécurité nationale composé de militaires et de civils, dont il prend la tête. Il annonce un retour à la stabilité et à la prospérité et promet de mettre fin à la corruption généralisée, en forçant notamment les hommes politiques et les hommes d'affaires à payer leurs impôts et à rembourser leurs emprunts.

Investi président en juin 2001, Moucharraf engage des négociations avec l'Inde, au sujet de la province du Cachemire que les deux pays se disputent. Il se rend en Inde la même année et y retournera en 2005. Après l'intervention américaine en Afghanistan en 2001, et le durcissement de la politique de Moucharraf à l'égard des islamistes extrémistes, Washington resserre ses relations avec Islamabad. Au cours des années suivantes, Moucharraf échappe à plusieurs attentats. À l'issue d'un référendum tenu en avril 2002, il restaure la Constitution après l'avoir largement amendée, démarche qui lui permet de prolonger de cinq ans son mandat à la tête de l'État. Après la tenue d'élections législatives en octobre 2002, le Parlement ratifie, à la fin de 2003, la plupart des amendements soumis à référendum.

En 2007, la candidature de Moucharraf pour sa réélection à la présidence de la République se heurte à l'opposition de la Cour suprême. Celle-ci, de même que plusieurs partis politiques, dénonce en particulier le cumul de cette fonction avec celle de chef des armées. Elle l'empêche par ailleurs de limoger son président et, en octobre, retarde l'annonce des résultats – qui lui sont favorables – par le Parlement. Le 3 novembre, Moucharraf réplique en déclarant l'état d'urgence. Invoquant la menace terroriste grandissante, il suspend la Constitution une nouvelle fois, destitue le président de la Cour suprême et assigne certains de ses juges à résidence, arrête les chefs de l'opposition et restreint les libertés de la presse et des médias indépendants. Avant la fin du mois, la Cour suprême recomposée, dont les membres ont dû s'engager sous serment à respecter l'ordre provisoire, lève les derniers obstacles juridiques à sa réélection. Moucharraf[...]

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