PESTE BOVINE
L'éradication au niveau mondial
L'élimination de la peste bovine dans les cheptels du monde entier, obtenue en 2011, résulte donc d'un travail considérable mené par les pays et leurs partenaires sous forme de programmes d'éradication à forte coordination régionale et internationale. Elle a nécessité la mise en œuvre de programmes de lutte sur une durée d'environ cinquante ans avec une phase ultime d'environ vingt-cinq ans.
Durant cette dernière phase, des stratégies et concepts nouveaux, ou tout au moins redynamisés, ont fait la différence avec les périodes antérieures. Par exemple, les campagnes de vaccination ont utilisé des vaccins dont la qualité a été contrôlée par des laboratoires indépendants (le Panvac, Panafrican Veterinary Vaccine Center, pour l'Afrique, par exemple). L'efficacité de la vaccination a été suivie au niveau des laboratoires nationaux par la mise en évidence des anticorps postvaccinaux dans le sérum des bovins vaccinés. Cette activité s'est déroulée avec l'appui de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Les laboratoires de référence reconnus par l'O.I.E. et la F.A.O., le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad, Montpellier) et l'Institute for Animal Health (I.A.H., Pirbright, Royaume-Uni) ont également collaboré activement avec les laboratoires nationaux et régionaux. Des programmes de communication destinés à sensibiliser tous les acteurs – notamment sur la nécessité de déclarer les suspicions de foyers et de présenter les animaux lors des campagnes de vaccination – ont été mis en place. Des approches participatives ont été développées, faisant intervenir en particulier les éleveurs et leurs représentants traditionnels afin d'améliorer leur implication dans les programmes, notamment dans les zones isolées ou en état d'insécurité dans lesquelles les services officiels avaient des difficultés à intervenir directement. L'engagement politique au plus haut niveau a été obtenu afin que les programmes de lutte soient prioritaires, soutenus financièrement, politiquement et par des législations appropriées et ce pendant une durée suffisamment longue. La coordination internationale au niveau de l'O.I.E. et de la F.A.O. – notamment par la mise en place du G.R.E.P. à partir de 1994 – a joué un rôle déterminant. L'établissement par l'O.I.E. d'une procédure de reconnaissance officielle du statut de pays indemne a représenté un des outils d'accompagnement principaux des programmes d'éradication de la peste bovine.
Les grandes lignes d'un programme pour la période postéradication ont été préparées car du matériel virulent (virus vivant pathogène ou virus vaccinal) existe encore dans un certain nombre de laboratoires et, en conséquence, des risques de contamination accidentelle ou intentionnelle (bioterrorisme) demeurent. Il repose notamment sur : la réduction du nombre de laboratoires détenant du matériel virulent ; le respect des conditions de biosécurité pour les laboratoires qui conserveront ce matériel ; le maintien des systèmes de surveillance et de notification immédiate en cas de réapparition de foyers ; la préparation de plans d'urgence pour répondre à toute apparition de foyers ; le maintien des banques de souches vaccinales et des capacités de diagnostic et de recherche dans les laboratoires de référence. Pour que la lutte contre les grandes épizooties réussisse, d'autres activités doivent être poursuivies et renforcées, notamment les soutiens aux services vétérinaires nationaux, la diffusion de l'information sanitaire (système international de notification de l'O.I.E., plus connu sous son sigle anglais W.A.H.I.S., World Animal Health Information System) ou encore la veille et l'intelligence épidémiologiques internationales (système global d'alerte précoce[...]
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Écrit par
- Joseph DOMENECH : docteur vétérinaire, chargé de mission auprès de l'Organisation mondiale de la santé animale
Classification
Médias
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