BOGDANOVICH PETER (1939-2022)
Le réalisateur, critique et acteur américain Peter Bogdanovich est réputé pour ses tentatives de revisiter les genres de l’âge d’or hollywoodien des années 1930 et 1940. Acclamé par la critique pour trois films qu’il réalise dans les années 1970 (La Dernière Séance ; On s’fait la valise, docteur ? ; La Barbe à papa), il voit ensuite sa carrière cinématographique décliner.
Peter Bogdanovich naît le 30 juillet 1939, à Kingston, dans l’État de New York. Dans sa jeunesse, il étudie l’art dramatique, se passionne pour le cinéma et joue au théâtre. Il rédige aussi des critiques et articles pour plusieurs magazines, dont Les Cahiers du cinéma. En historien du cinéma, il publie de nombreuses monographies, notamment sur Orson Welles (1961) et Alfred Hitchcock (1963). Cinéphile nostalgique de la gloire du Hollywood des années 1930 et 1940, Bogdanovich commence sa carrière cinématographique comme assistant du réalisateur de films de série B Roger Corman. Grâce à lui, il tourne son premier long-métrage, La Cible (Targets, 1968), un thriller imbriquant deux histoires, dont l’une suit Boris Karloff, dans son propre rôle. Coécrit avec Polly Platt, son épouse à l’époque, et largement ignoré à sa sortie, le film sera par la suite considéré comme un classique.
Sa réalisation suivante, La Dernière Séance (The Last Picture Show, 1971), est un succès au box-office. Le film remporte les éloges de la critique pour son évocation des mœurs sexuelles et des transformations sociales dans une petite ville du Texas des années 1950. Ce drame (avec Jeff Bridges et Cybill Shepherd) est inspiré des œuvres de Howard Hawks et de John Ford. Il lui vaudra une nomination pour l’Oscar du meilleur réalisateur, et deux de ses comédiens recevront les oscars des meilleurs acteurs dans un second rôle. Bogdanovich, qui a entamé une liaison avec Cybill Shepherd durant le tournage, finira par mettre un terme à son mariage avec Polly Platt, à qui l’on doit le décor du long-métrage.
On s’fait la valise, docteur ? (What’s Up, Doc ?, 1972) se révèle une nouvelle réussite commerciale. Dans cet hommage à L’Impossible M. Bébé (Bringing Up Baby, 1938) de Howard Hawks et aux comédies loufoques de l’âge d’or hollywoodien, Ryan O’Neal joue au côté de Barbra Streisand. Le réalisateur suscite de nouveau l’enthousiasme de la critique avec une comédie, La Barbe à papa (Paper Moon, 1973), dont l’action se situe autour de 1936. Ryan O’Neal y interprète un escroc chargé de s’occuper d’une enfant de neuf ans. Tatum O’Neal, fille de l’acteur, qui incarne l’enfant, remportera à cette occasion l’oscar du meilleur second rôle féminin.
L’ascension du cinéaste s’interrompt cependant avec Daisy Miller (1974), une adaptation décevante du roman de Henry James. L’échec est plus complet encore avec Enfin l’amour (At Long Last Love, 1975), un hommage aux romances musicales des années 1930 qui comprend plusieurs chansons de Cole Porter. Les critiques fustigent alors les interprétations de Burt Reynolds et de Cybill Shepherd. En 1976, Bogdanovich réalise et coécrit Nickelodeon, qui évoque les pionniers de l’industrie cinématographique. N’ayant pu obtenir le soutien financier des grands studios, il tourne ensuite Jack le Magnifique (Saint Jack, 1979) grâce à l’aide de Roger Corman, puis …Et tout le monde riait (They All Laughed, 1981), comédie romantique qui met en scène trois détectives privés tombant amoureux de la femme qu’ils doivent suivre. La distribution inclut notamment Ben Gazzara et Audrey Hepburn.
Après une interruption de quatre ans, Bogdanovich revient avec Mask (1985), un drame inspiré par une histoire vraie. Le film est un succès critique et commercial, avec Cher dans le rôle de la mère d’un adolescent atteint d’une maladie provoquant une défiguration faciale. Le réalisateur revisite ensuite ses réussites passées,[...]
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