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EISENMAN PETER (1932- )

Peter Eisenman est né le 11 août 1932 à Newark (New Jersey). Il est diplômé en architecture des universités de Cornell et de Columbia et est également diplômé depuis 1963 en « Theory of design » de l’université de Cambridge (Angleterre). Sa thèse a été dirigée par Colin Rowe, théoricien de l’architecture, auteur d’un important essai, Mathématiques de la villa idéale (1947). Colin Rowe était lui-même ancien élève de l’historien d’art Rudolf Wittkower.

En 1967, Eisenman a fondé l’Institute for Architecture and Urban Studies à New York. Il y ouvre son agence d’architecture en 1980. Il a publié de nombreux essais, articles et livres. Ses publications comprennent notamment Houses of Cards(1987),Cities of artificialExcavation(1994)et DiagramDiaries(1999). Il est également coauteur, avec le philosophe Jacques Derrida, de Chora L Works(1997), un ouvrage qui retrace les étapes de leur travail commun à l’occasion du concours pour l’aménagement du parc de La Villette en 1987. Peter Eisenman a développé plus d’une centaine de projets. Plusieurs ont été primés lors de concours, mais tous n’ont pas été réalisés. On lui doit notamment le Mémorial aux juifs assassinés d’Europe inauguré à Berlin en mars 2005, ainsi que la Cité de la culture de Galice à Saint-Jacques de Compostelle en Espagne, partiellement réalisée en 2013.

Penser l’architecture

Peter Eisenman - crédits : Sean Gallup/ Getty Images News/ AFP

Peter Eisenman

L’œuvre d’Eisenman n’est pas uniquement construite ou écrite, elle est aussi en grande partie académique et universitaire. Au-delà de l’examen minutieux des grandes figures de l’histoire de l’architecture, Peter Eisenman a élaboré sa logique créative en grande partie à partir de la pensée philosophique contemporaine, et plus particulièrement celle, relative aux structures du langage et à la logique du sens, que l’on trouve chez Jacques Derrida, Gilles Deleuze, Noam Chomsky et aussi, dans une moindre mesure, chez Michel Foucault, Sigmund Freud et Ferdinand de Saussure. Il a également convoqué les travaux de certains théoriciens de l’art, en particulier ceux de Rosalind Krauss, dans les années 1970. Sa démarche, qu’il nomme dès 1969 « architecture conceptuelle », mais qu’il désignera plus tard comme « architecture post-instinctuelle » ou « architecture post-sémiotique », entend ouvrir la création architecturale à d’autres prolongements plus autonomes par rapport à la notion de sujet et d’objet. Ses hypothèses théoriques cherchent avant tout à réformer les mécanismes et les principes sur lesquels la pensée du projet d’architecture s’est établie et transmise, au moins depuis la Renaissance : soit l’idée qu’un objet architectural peut être un véhicule pour un phénomène de présence à travers une organisation de signes qui représentent ou qui symbolisent un ordre « transcendant » dans sa forme ou dans son fonctionnement. Eisenman écrit dès 1977 : « Mon architecture ne représente rien et ne commente rien, elle ne renvoie qu’à elle-même, elle est le signe d’elle-même et de sa propre apparition. »

Au cours des différentes périodes de travail d’Eisenman, il est possible de distinguer plusieurs modes de croisements, opérés au sein de ses processus de conception de projets, entre d’une part des « objets » théoriques qui proviennent souvent de champs extérieurs à celui de l’architecture – la philosophie, l’histoire, la linguistique ou la psychanalyse –, et d’autre part des motifs plastiques ou graphiques, principalement issus du champ de l’abstraction artistique ou architecturale – par exemple, les L-shapes de Robert Morris, les grilles à neuf cases inspirées d’Andrea Palladio ou des éléments appartenant au contexte matériel de l’intervention architecturale comme des lignes de niveau, des trames ou des repères cartographiques.

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Écrit par

  • : docteur en philosophie de l'art et en théorie architecturale, architecte, maître de conférences des Universités

Classification

Média

Peter Eisenman - crédits : Sean Gallup/ Getty Images News/ AFP

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