EÖTVÖS PÉTER (1944-2024)
Par son aspiration à se confronter à toutes les réalités, le compositeur et chef d’orchestre hongrois Péter Eötvös produit une œuvre d’une très grande diversité. « Préoccupé par le phénomène musical pur (la composition) autant qu'impur (la diffusion et les choix politiques qui en découlent), Péter Eötvös considère comme un bloc infrangible ses activités de compositeur « sans frontière », de chef d'orchestre et de conseiller musical pour diverses institutions européennes » (Frank Langlois).
Une entité indivisible : compositeur et chef d'orchestre
Né le 2 janvier 1944 à Székelyudvarhely (alors en Hongrie, aujourd'hui Odorheiu Secuiesc, en Roumanie), en Transylvanie – comme György Ligeti et György Kurtág –, Péter Eötvös est, de 1958 à 1965, élève à l'Académie Franz-Liszt de Budapest, où il étudie plusieurs instruments – le piano, le violon, la flûte, les percussions –, la composition et la direction d'orchestre. Il commence à composer, pour le cinéma, la télévision et le théâtre. Ses influences ? Gesualdo, Bartók, Kodály, Stravinski, Kurtág, Boulez, Stockhausen, le jazz (notamment Miles Davis), Frank Zappa... Ayant obtenu son diplôme de composition en 1965, il obtient une bourse qui lui permet de se perfectionner à la Hochschule für Musik de Cologne (1966-1968), où il étudie avec Wolfgang von der Nahmer (direction d'orchestre) et Bernd Alois Zimmermann (composition) ; il y est, en 1968, diplômé de direction d'orchestre « avec distinction ». De 1968 à 1976, il collabore étroitement avec Stockhausen et, de 1971 à 1979, travaille au studio de musique électronique de la Westdeutscher Rundfunk que dirige Stockhausen à Cologne.
Au milieu des années 1970, Eötvös se tourne vers la direction d'orchestre, sans pour autant abandonner la composition. C'est Pierre Boulez qui lui permet de commencer à diriger à haut niveau en lui confiant le concert inaugural de l'IRCAM, en 1978, puis en lui demandant en 1979 de devenir directeur musical de l'Ensemble InterContemporain, poste qu'il occupera jusqu'en 1991 et où il fera preuve d'une maîtrise hors pair dans l'interprétation du répertoire du xxe siècle. Il est premier chef invité de l'Orchestre symphonique de la BBC de 1985 à 1988 ; en 1994, il devient directeur musical de l'Orchestre de chambre de la Radio néerlandaise à Hilversum.
En 1991, il a créé l'International Eötvös Institute Foundation pour jeunes chefs et compositeurs, destiné à resserrer les liens entre la musique contemporaine, les musiciens, les compositeurs et le public. Dans un but similaire, il a créé en 2004, avec Maria Eötvös-Mezei, la Péter Eötvös Contemporary Music Foundation. Péter Eötvös, fervent défenseur de la musique de son temps, a notamment créé Duo pour Bruno de Franco Donatoni (1975), la Symphonie concertante d'Alain Bancquart (1980), les deux premiers mouvements de Tehillim de Steve Reich (1981), Zeitlauf de Philippe Manoury (1983), Désintégrations de Tristan Murail (1983), Épilogue de Gérard Grisey (1985), Ad marginem de Heinz Holliger (1985), Ausklang de Helmut Lachenmann (1986), Io de Kaija Saariaho (1987), ... quasi una fantasia... de György Kurtág (1988), la version définitive de Don de Pierre Boulez (1990), La Terre des hommes de Klaus Huber (1990), les deux versions du Concerto pour violon et orchestre de György Ligeti (1992 pour la version en cinq mouvements), Pièce pour douze de Georges Aperghis (1991), Espressivo de Gérard Zinsstag (1991), Le Chevalier imaginaire de Philippe Fénelon (1992). De 1992 à 1998, il professe à la Hochschule für Musik de Karlsruhe, puis, de 1998 à 2001, à la Hochschule für Musik de Cologne ; de 2002 à 2007, il reprend son poste à Karlsruhe.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Juliette GARRIGUES : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Média